La furie israélienne continue de s'abattre sur le Liban et les Libanais et n'épargne ni les ambulances ni les hôpitaux, encore moins les usines de produits alimentaires et les convois de vivres. Le Liban tout entier, dans sa population civile comme ses infrastructures vitales, est l'objet de cette attaque qui dure depuis une semaine. Une situation extrêmement préoccupante, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « Des centaines de civils ont été tués ou blessés et il est toujours aussi difficile d'organiser les évacuations médicales et de maintenir les services de santé. Un nombre important de personnes fuient les zones de conflit au péril de leur vie. Par ailleurs, la destruction d'infrastructures publiques est d'une ampleur considérable », s'inquiète le CICR dans un communiqué rendu public à Genève en se posant de « sérieuses questions » au sujet des raids israéliens contre le Liban, au vu du lourd tribut payé par les civils. « Le nombre élevé de décès et l'extension des destructions à des infrastructures publiques essentielles pose de sérieuses questions au regard du respect du principe de proportion dans la conduite des hostilités », a déclaré Pierre Krähenbühl, le directeur des opérations de la Croix-Rouge. Ces déclarations font écho aux avertissements de plus en plus pressants contre le risque d'une catastrophe humanitaire au Liban, alors qu'on dénombre au moins 310 morts depuis la semaine dernière, 500 000 déplacés et que le blocus maritime et aérien se poursuit. La Croix-Rouge est la gardienne des Conventions de Genève constituant le socle des lois sur la guerre qui prescrivent notamment que les civils doivent être le plus possible épargnés lors d'une action militaire. Ces conventions s'appliquent non seulement à l'armée israélienne, mais aussi aux militants du Hezbollah, qui ont procédé à des tirs de roquettes sur Israël, faisant 13 morts parmi des civils côté israélien, a relevé M. Krähenbühl. Pour faire face aux besoins urgents auxquels le Liban sera confronté dans le mois qui vient, le CICR demande aux pays donateurs une première somme de 10 millions de francs suisses qui serviront en priorité à aider les personnes déplacées à l'intérieur du pays et à d'autres personnes vulnérables, ainsi qu'à soutenir les services médicaux et d'ambulances de la Croix-Rouge libanaise. Selon le même responsable, la première priorité à ce stade est de faire en sorte que les blessés et les malades puissent être évacués, que les équipes médicales obtiennent l'accès aux victimes et puissent travailler en toute sécurité. « Nous avons rappelé aux autorités israéliennes l'obligation qui leur incombe, en vertu du droit international humanitaire, de respecter et de protéger le personnel médical et ses véhicules. Nous espérons maintenant que l'accès et les conditions de sécurité seront meilleurs pour les équipes médicales », a-t-il ajouté. M. Krähenbühl a précisé que « le nombre élevé de victimes civiles et l'étendue des dégâts causés aux infrastructures publiques essentielles soulèvent de graves questions quant au respect du principe de proportionnalité dans la conduite des hostilités ». Selon le droit international humanitaire, rappelle le CICR, le blocus aérien et naval imposé en ce moment au Liban ne doit pas empêcher l'approvisionnement de la population civile en nourriture et autres biens de première nécessité. Le directeur des opérations du CICR a souligné que les combattants du Hezbollah sont, eux aussi, liés par les règles du droit international humanitaire et qu'ils ne doivent pas prendre pour cible les zones civiles. Le CICR rappelle aux parties au conflit armé que l'obligation de faire la distinction entre les civils et les biens de caractère civil, d'une part, et les objectifs militaires, d'autre part, est au cœur du droit international humanitaire et qu'elle doit être respectée en tout temps. Il rappelle en outre aux parties « leur obligation de respecter le principe de proportionnalité dans toutes les opérations militaires, afin d'éviter des maux superflus à la population civile », demande le CICR.