D'abord une image : les députés, quelques minutes avant l'ouverture de la séance d'hier à l'APN, donnent l'impression de se découvrir. Les chaleureuses embrassades témoignent de rencontres déjà lointaines. On le sait, la Chambre basse du Parlement fonctionne à rythme lent. Pour une fois, la salle est remplie. Ils sont tous là. Même Karim Younès, ex-président de l'APN et symbole d'une certaine opposition, est de retour. Discret. Comment va Karim Younès ? « J'ai la main sur le cœur », répond-il. Poésie parlementaire. Les journalistes sont nombreux. Autant que les policiers et les gardes du corps qui entourent l'hémicycle de Zighoud Youcef. Ahmed Ouyahia entre en dernier à l'hémicycle accompagné de Bouguerra Soltani. Le président du MSP prend des airs depuis qu'il est devenu « ministre d'Etat ». Le chef du gouvernement, secrétaire général du RND, fait de la politique. A sa manière. Amar Saâdani, président de l'APN, en fait aussi. Le député FLN d'El Oued, qui a succédé à Karim Younès, rend hommage à « la merveilleuse victoire » de Abdelaziz Bouteflika lors de la présidentielle d'avril 2004. Il profite de la tribune pour rappeler tout le bien qu'il pense de « la réconciliation nationale ». Saâdani ne manque pas de citer sept fois le président de la République en rappelant que le programme du gouvernement applique celui du chef de l'Etat. Il rend hommage à « el ousra el ilamia » (la famille de la presse) et invite le public à suivre les débat sur... Internet. Les écrans de l'APN proposent une petite « pub » pour le site web. Ahmed Ouyahia ne déroge pas à la règle des mots doux. Il dit apprécier « personnellement » et « depuis longtemps » les « grandes qualités » de Amar Saâdani. Parlant du « système démocratique » qui « caractérise » le pays, Ouyahia annonce : « Le gouvernement se met loyalement sous le contrôle du Parlement. » D'où la déclaration de politique générale présentée hier. Présentée après un remaniement gouvernemental. Les nouveaux ministres assumeront les passifs des partants. Inédit.