Après les déclarations faites par le chef du gouvernement quant à la gestion des ressources en eau, notamment les réseaux de distribution dans les grandes agglomérations, par des sociétés internationales, des experts de l'Union européenne, de la Banque mondiale, de l'AFD et du ministère des Ressources en eau débattent depuis hier à Alger la question de « modernisation de la gestion de l'eau en Algérie ». Les différentes interventions concourent vers la nécessité d'une gestion « rationnelle » de cette ressource et qui passe, de leur avis, par un désengagement de l'Etat au profit du secteur privé. LE RÔLE DE LA POLICE DES EAUX Abdelmalek Sellal, dans son intervention inaugurale des 3 journées d'étude, l'a clairement suggéré en estimant que la nouvelle loi sur l'eau « a posé les jalons d'une vision renouvelée de la prise en charge de l'eau dans toutes ses composantes. Celle-ci, dit-il, fait appel à un partenariat public-privé qui doit contribuer à l'amélioration et à l'efficience du service de l'eau ». A en croire le ministre des Ressources en eau, des avantages multiples sont attendus de cette option : un recours au savoir-faire technique et de gestion par l'apport de nouvelles technologies et de formes éprouvées de management ; apport d'investissement productif ; réduction des subventions publiques et amélioration du service. Pour ceux qui craignent que cette ressource vitale ne soit aux mains de sociétés multinationales, Sellal console le privé national en affirmant que son département « étudie » la possibilité de donner en concession à des microentreprises de jeunes la gestion et l'entretien des stations d'épuration. Selon Abdelmalek Sellal, pour qui la réhabilitation des réseaux de distribution concernera 12 villes algériennes, les réseaux de distribution des grandes villes connaissent des pertes variant entre 20 et 40%. Quant à l'épuration et à la récupération des eaux usées, le ministre a estimé que 700 millions de mètres cubes par an sont rejetés dans la nature. Se fixant comme objectif, à l'horizon 2010, la réduction de ce volume de 60%, Sellal a indiqué que 20 stations sont en exploitation, 12 en réhabilitation et 21 en cours de réalisation. Dans son plaidoyer en faveur de la nouvelle loi sur l'eau, le ministre n'a pas manqué de souligner que cette dernière « renforce le rôle de la police de l'eau » qui disposera dorénavant de moyens de lutte contre les « atteintes répétées au domaine public hydraulique (piquage et branchements illicites, réalisation de forages non autorisés, utilisation d'eaux usées non épurées pour l'irrigation, etc.) ». Tout en estimant que le pays avait manqué de vision intégrée dans la gestion du secteur, Sellal a souligné que l'Algérie a atteint les objectifs de développement du millénaire fixés par les Nations unies, en estimant que plus de 85% de la population en Algérie sont raccordés à un réseau d'eau potable et 80% à un réseau d'assainissement. Intervenant pour sa part, le représentant de la BM a indiqué : « Le programme complémentaire de soutien à la relance économique, avec des investissements majeurs, offre une excellente opportunité pour redresser la situation. » En plaidant pour « un nouveau plan d'action », il a souligné l'appui de son institution pour « la mise au point et la mise en œuvre effective de ce plan d'action ». Selon les chiffres de la BM, un milliard de personnes dans le monde n'ont pas toujours accès à des services d'eau corrects et près de 4 milliards vivent sans bonne évacuation des eaux usées. Quant aux investissements consentis dans le secteur de l'eau et l'assainissement dans les pays en développement, ils sont estimés à 15 milliards de dollars annuellement, selon la même source.