Cest aujourd'hui que le président palestinien Mahmoud Abbas sera reçu à la Maison-Blanche par son homologue américain George W. Bush qui avait refusé on s'en souvient de rencontrer le défunt Yasser Arafat. Après la mort de leur leader en novembre 2004, les Palestiniens, pense-t-on souvent, ont tourné la page, mais laquelle s'interroge-t-on, car c'est le même personnel politique qui traite des mêmes questions. C'est Mahmoud Abbas qui avait cosigné avec l'Israélien Shimon Peres l'Accord de principes ou encore l'Accord d'Oslo de 1993 que les Israéliens, toutes tendances confondues, ont littéralement détruit, et il sait parfaitement ce qui sera abordé avec le président américain et comment il le sera, sachant que son interlocuteur, qui s'est prononcé pour la création d'un Etat palestinien, avait suscité la colère des Palestiniens en donnant son accord au plan du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, prévoyant un retrait de la bande de Ghaza, et l'occupation de nouveaux territoires palestiniens en Cisjordanie. Dès le début de son second mandat en janvier, George W. Bush a invité le président de l'Autorité palestinienne. Il y arrive après le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, allié traditionnel de Washington, reçu en avril par le président américain dans son ranch de Crawford (Texas sud). Le sujet principal des entretiens entre MM. Bush et Abbas sera le retrait israélien de Ghaza et de certaines colonies en Cisjordanie, qui doit commencer en août. Cette initiative ne fait pas partie de la Feuille de route rédigée par les Etats-Unis, la Russie, les Nations unies et l'Union européenne. Elle est cependant présentée par les Israéliens et les Américains comme une véritable chance de parvenir à la paix dans la région. La Feuille de route détaille les étapes devant mener à la création d'un Etat palestinien indépendant, initialement prévue cette année mais que George W. Bush a repoussé à 2008, la dernière année de son second mandat. Les Palestiniens souhaitent qu'elle soit relancée après le retrait de Ghaza. Depuis l'arrivée de Mahmoud Abbas à la tête de l'Autorité palestinienne, le niveau de violence a considérablement baissé dans la région, même si la situation reste tendue. « Le président (Abbas) arrive avec quelques résultats concrets pour montrer ce qu'il a fait et il veut discuter avec le président (Bush) de la voie à suivre », a souligné un responsable de l'Administration américaine sous le couvert de l'anonymat. Ce responsable a précisé que la date de la visite de M. Abbas à Washington avait été choisie par les Palestiniens, répondant à l'invitation de la Maison-Blanche. Des élections législatives sont prévues pour juillet dans les territoires palestiniens, mais pourraient être reportées dans l'attente de l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi électorale. Washington suit ces élections avec une grande attention, car elles pourraient se traduire par un renforcement du mouvement palestinien Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis. Déjà fort d'un succès aux récentes élections municipales, le Hamas est opposé à tout report du scrutin législatif et jouit d'un grand soutien parmi la population palestinienne. Le développement économique des territoires palestiniens sera également à l'ordre du jour des entretiens de Washington. L'Administration Bush a promis 200 millions de dollars d'aide économique en janvier, mais les Palestiniens veulent s'assurer qu'elle sera déboursée rapidement. A son arrivée à Washington mardi soir, M. Abbas a affirmé qu'il cherchait un soutien américain clair à la Feuille de route, le dernier plan de paix mis en place par les Etats-Unis, l'ONU, la Russie et l'Union européenne, qui prévoit la création d'un Etat palestinien indépendant. Les Palestiniens craignent, en effet, qu'Israël n'utilise le retrait de la bande de Ghaza, pour contourner la Feuille de route. « Comme nous l'avons déjà déclaré par le passé, nous voulons des Etats-Unis un soutien politique clair pour l'application de la Feuille de route, ainsi qu'un appui économique », a affirmé M. Abbas. Le jeu semble très serré, et il peut même tourner au dialogue de sourds, avec l'intransigeance israélienne qui a fini par agacer les plus proches alliés d'Israël. Que sortira alors de cette rencontre ? Les Palestiniens se montrent extrêmement prudents.