Quatre fonctionnaires de la Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz) ainsi que deux entrepreneurs ont été placés, avant-hier, mardi, sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal de Ben Badis, à 30 km de la ville de Sidi Bel Abbès, sous les chefs d'accusation de dilapidation de deniers publics et négligence. Leur audition par le magistrat instructeur a duré plusieurs heures et s'est poursuivie mardi jusqu'à 21h. Il s'agit, selon une source judiciaire, de l'ex-directeur régional de Sidi Bel Abbès, qui occupe depuis le mois de juillet 2004 le poste d'inspecteur régional de Sonelgaz à Oran, de deux chefs de service de ladite direction et du directeur du centre de Ben Badis. Le procureur de la République a, par ailleurs, placé sept autres fonctionnaires sous contrôle judiciaire pour les mêmes chefs d'accusation. Cinq d'entre eux occupent des postes supérieurs à la direction régionale d'Oran (un directeur adjoint et plusieurs chefs de département), alors que les deux autres sont des comptables rattachés à la direction de Sonelgaz de Sidi Bel Abbès, d'après cette même source. Une enquête enclenchée par la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale, il y a plus de trois mois, au sujet de la réalisation de travaux de raccordement au réseau de gaz naturel dans la localité de Ben Badis a abouti, indique t-on, à des conclusions qui mettent directement en cause de nombreux responsables de Sonelgaz. « Des travaux d'installation de compteurs confiés à des entrepreneurs liés par des conventions à Sonelgaz, depuis l'année 2003, sont entachés d'irrégularités : ils ont été réalisés à la va-vite et présentent de nombreuses malfaçons, alors que d'autres facturés et rémunérés n'ont pas été entamés... », relève-t-on. Des accidents plus ou moins graves ont été, d'ailleurs, recensés, ces derniers mois à Ben Badis, dus à des fuites de gaz. Dans cette localité précisément, le cas d'une boucherie ravagée par les flammes à cause d'« une fuite indétectable » est cité en exemple. D'autres anomalies similaires ont été signalées à Sidi Ali Boussidi et à Boukhanéfis, deux localités qui dépendent du centre de Ben Badis, où les deux entrepreneurs ont procédé à l'installation de compteurs à gaz. Même si aucun chiffre sur le nombre de foyers raccordés n'a été avancé, l'on estime que le risque encouru est « réel », au vu de la qualité des travaux et des produits utilisés. Pour le moment, une première estimation avancée par les éléments de la brigade de recherche fait ressortir un préjudice financier de 1,1 milliard de centimes pour Sonelgaz. Les investigations de la Gendarmerie nationale, qui, souligne-t-on, se sont basées sur « l'exploitation et la collecte de renseignements » relatifs à la gestion des marchés octroyés par Sonelgaz à des entreprises privées, se poursuivent toujours. D'autres enquêtes, nous confie-t-on, portant essentiellement sur la gestion de ladite société sont en cours.