En 1996, 45 familles sont venues se réfugier dans une construction inachevée d'une consistance de R+3, qui appartient à la Mutuelle de l'urbanisme, de la construction et de l'habitat, située au lot 1 du quartier de Bentalha dans la commune de Baraki à l'est d'Alger. Selon les déclarations de Cheref Mohamed Yacine, un représentant du comité du quartier Haï El Amel, l'occupation de cet immeuble abandonné avait reçu, à une époque où la situation était au sauve-qui-peut, l'aval de l'ancien DEC de Baraki et l'assentiment de l'autorité militaire. « Nous n'en pouvions plus des exactions des groupes armés. Nous avons fui le chef-lieu de la daïra de Baraki, d'où certains de mes voisins sont originaires et d'autres qui étaient locataires chez des propriétaires privés, avant d'occuper une carcasse abandonnée. Dès le lendemain et à la suite d'une plainte déposée par le propriétaire, en l'occurrence la Mutuelle du secteur de l'habitat, la police de l'urbanisme a opéré un recensement sur la base de nos livrets de famille », a tenu à préciser notre interlocuteur. En ces temps de terreur, l'occasion faisait le larron et c'est ainsi que d'autres familles, venues de l'intérieur du pays et abusant d'une conjoncture exceptionnelle, sont venues tout simplement s'ajouter aux côtés de ces réfugiés. Au demeurant, l'installation de ces familles dans cette bâtisse devait être précédée par un minimum de commodités. Or, le constat est amer, puisque ces familles sont abandonnées à leur triste sort. Rien ne protège les dalles superposées de la structure en béton armé. Pas même une balustrade ! D'ailleurs, le petit Mohamed-Anis, âgé à peine de 3 ans, a fait une chute mortelle le 2 août 2002. La vie dans le camp n'est pas commode, en raison de l'absence du bien-être le plus élémentaire. Les routes sont impraticables et les ordures ménagères s'entassent aux quatre coins du bidonville. En plus, l'air est irrespirable à cause des relents pestilentiels qui se dégagent des fosses septiques. Neuf ans plus tard, soit en 2003, elles sont 70 familles, menacées d'expulsion dans un délai qui ne saurait excéder un mois et d'une amende de 200 000 DA infligée à chaque famille, en vertu du procès-verbal de notification de jugement n°03/988 du 25 août 2003, rendu par le tribunal d'El Harrach. D'après notre interlocuteur, le sit-in, tenu le 16 mai 2004 à la wilaya d'Alger, a tourné court et la délégation porteuse d'une pétition a été reçue en audience par un fonctionnaire de la wilaya déléguée de Baraki, en l'absence du premier responsable de la daïra de Baraki en congé. « C'est au wali délégué de Baraki à qui nous devons le gel de la décision d'expulsion de nos demeures en attendant que les pouvoirs publics se penchent sur notre cas. » Le représentant de l'association des riverains Haï El Amel ne conteste pas le verdict de la justice : « Le propriétaire veut récupérer son bien et c'est légitime. En ce qui nous concerne, il était tout à fait attendu que nous devions plier bagage un jour ou l'autre. Seulement, nous n'avons pas où aller. » Le statu quo s'est installé dans la durée et aucune solution ne se profile à l'horizon, si ce n'est le chantier des 750 logements sociaux locatifs qui « pousse » à proximité de ce bidonville.