Nouveau coup médiatique en France à une semaine du déplacement du Président algérien dans ce pays. Dans les colonnes du Figaro (édition d'hier), Claude Goasguen, député UMP de Paris, rebondit sur la participation de Bouteflika aux cérémonies du 60e anniversaire du débarquement des Alliés en Provence qui se dérouleront le 15 août prochain à Toulon. M. Goasguen soutient qu'« il est normal que les députés français défendent des Français d'origine algérienne qui se sont sentis bafoués lors de la dernière venue du président Bouteflika ». Lors de sa visite à Paris en juin 2001, celui-ci avait en effet déclaré, sur France 2, que « les conditions ne sont pas encore réunies pour des visites de harkis. C'est exactement comme si on demandait à un Français de la Résistance de toucher la main d'un collabo ». Mieux, au journal Le Parisien, Bouteflika jugeait que « Chirac comprend parfaitement mon droit de n'avoir aucune sympathie pour ceux qui ont donné Jean Moulin et Larbi Ben M'hidi ».C'est à partir de là que l'on peut comprendre les motivations qui ont conduit, le 13 juillet dernier, Claude Goasguen, Geneviève Levy et 40 autres députés UMP (aujourd'hui ils sont 61) à adresser une lettre ouverte à Michel Barnier, ministre français des Affaires étrangères.Ces parlementaires s'indignaient de l'invitation du président algérien aux festivités du débarquement en Provence. Ils demandent à celui-ci qu'il puisse « annoncer un certain nombre de mesures très attendues par les rapatriés d'Algérie (pieds-noirs) et notamment les harkis ». Entre autres, le respect des accords d'Evian et plus particulièrement la libre circulation des harkis entre l'Algérie et la France, la coopération sur le sort des disparus et l'ouverture complète des archives algériennes concernant cette période. Cependant, avant-hier, Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux Anciens combattants, a averti qu'« aucune confusion n'est à faire entre cette page d'histoire écrite en commun en août 1944 et d'autres événements ultérieurs, aussi douloureux soient-ils ». Mardi dernier, Michel Barnier avait soutenu que « les autorités françaises sont heureuses que le président Bouteflika ait accepté au nom de l'Algérie de participer à ces cérémonies ». Or plusieurs organisations de pieds-noirs s'opposent à cette visite qu'elles considèrent comme « une insulte » à la mémoire de ceux qui sont tombés pour libérer la France. Certains comme Bernard Antony (extrême droite) appellent à manifester contre la présence de Bouteflika. D'ailleurs, M. Goasguen confie au Figaro que « le devoir de mémoire, qui doit accompagner le traité d'amitié de 2005, ne doit pas être unilatéral (...). Nous attendons du gouvernement algérien qu'il ouvre ses archives. Le fondement d'une nouvelle coopération ne sera pas possible si ces symboles-là ne sont pas pris en compte ». Pourtant, Barnier n'avait pas manqué, la semaine dernière, d'apporter une précision de taille : « Nous menons avec l'Algérie un travail de mémoire commun qui a déjà donné lieu à des réalisations concrètes. » Lesquelles ? On ne le sait pas trop. Par contre, M. Goasguen confie que, par rapport à ce travail de mémoire, « la personnalité du président algérien peut être un avantage et un inconvénient ». Ceci amène ce député UMP à avouer que « l'importance de la légitimité politique (de Bouteflika) doit lui permettre de faire ce pas décisif ». « J'espère, ajoutera-t-il, qu'un mot de rapprochement sera prononcé à l'occasion des cérémonies. » En 2001, au Parisien, Bouteflika lâchera : « Je suis convaincu que le temps finira par faire son œuvre en guérissant définitivement les blessures. »