La page est bien tournée entre Alger et Paris. “Les vieilles plaies sont bien cicatrisées” entre l'Algérie et la France, a déclaré hier le président Abdelaziz Bouteflika dans un message adressé à son homologue français, Jacques Chirac, au lendemain des célébrations du 60e anniversaire du Débarquement de Provence. “Les commémorations sont faites pour ranimer les souvenirs et pour s'assurer que les vieilles plaies sont bien cicatrisées”, a affirmé le chef de l'Etat algérien qui était invité hier à un déjeuner avec M. Chirac au Fort de Brégançon (Sud de la France). “Une page est bien tournée maintenant et c'est à partir de ces peines partagées et de ces aspirations communes que nous nous attachons tous à construire un avenir plus serein dans lequel nos enfants n'auront plus à affronter les menaces que notre génération a dû subir”, a souligné M. Bouteflika. “L'hommage rendu, avec plus d'un demi-siècle de recul, à tous ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour la libération de la France, fait honneur au peuple français et s'il ne manque pas d'enseignement précieux, il est aussi riche de promesses généreuses assurant à nos jeunes générations un avenir de paix et de fraternité”, a indiqué encore le président algérien. M. Bouteflika a participé dimanche dernier, à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, au large de Toulon, aux côtés de Jacques Chirac et de plusieurs chefs d'Etat africains, aux cérémonies commémoratives du 60e anniversaire du Débarquement de Provence, le 15 août 1944. Lors du déjeuner, MM. Chirac et Bouteflika ne suivront pas un ordre du jour précis, mais tous les sujets seront abordés, a indiqué l'Elysée, ajoutant que cette “rencontre informelle s'inscrit dans le renforcement des relations entre la France et l'Algérie”, après les visites en Algérie de trois ministres français en juillet dernier, Michel Barnier (Affaires étrangères), Michèle Alliot-Marie (Défense) et Nicolas Sarkozy (Economie). Abdelaziz Bouteflika a quitté, hier, peu après 16h, le Fort de Brégançon (Var, Sud-Est de la France) où il a déjeuné avec le président français Jacques Chirac. Ce dernier a raccompagné son hôte au pied d'un hélicoptère, parti pour une destination inconnue. Au lendemain des cérémonies à Toulon marquant le 60e anniversaire du Débarquement des forces alliées en Provence, en août 1944, M. Bouteflika était arrivé à la mi-journée au Fort, résidence d'été des présidents de la République française sur la côte varoise. Cette “rencontre informelle” avec le chef de l'Etat français, s'inscrivait, selon l'Elysée, dans le cadre du “renforcement des relations entre la France et l'Algérie”. Dimanche, à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, ancré dans la rade de Toulon, Jacques Chirac avait annoncé sa décision “de conférer à la ville d'Alger, en tant que capitale de la France combattante, la croix de la Légion d'honneur”. La présence du président Bouteflika à Toulon pour les commémorations du Débarquement avait suscité une polémique. Une soixantaine de députés UMP (parti du président Chirac) reprochaient à Abdelaziz Bouteflika ses propos sur les harkis, qu'il avait comparés aux “collaborateurs” pendant la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement français avait réagi à maintes reprises pour affirmer que la présence du président algérien lors de la cérémonie s'inscrivait dans le cadre du renforcement des relations franco-algériennes. La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie avait déclaré samedi dernier que l'agitation était déplacée. R. N.