Les relations algéro-françaises n'ont jamais été aussi bonnes. Incontestablement, le président Bouteflika a marqué un point en se faisant inviter par son homologue français aux cérémonies du 60e anniversaire du débarquement de Provence. Mieux, pour la première fois depuis l'indépendance de l'Algérie, trois navires de guerre de la Marine nationale ont pris part à la parade navale qu'organise la République française en guise de commémoration du débarquement des alliés lors de la Seconde Guerre mondiale. En dépit d'une campagne de dénigrement initiée par une poignée de députés UMP contre la venue de Bouteflika, Jacques Chirac n'a pas cédé. Il faut savoir que depuis la réélection du président de la République algérienne, les relations entre Alger et Paris ont pris une toute autre tournure. La France, qui ne prend jamais de risques quand ses intérêts suprêmes sont en jeu, déploie depuis quelque temps tout son savoir-faire pour la refondation des relations entre nos deux pays. Après une «mise en quarantaine» initiée essentiellement par les socialistes français au pouvoir et qui aura duré plusieurs années, la France de Jacques Chirac opte pour une tout autre trajectoire. Les relations algéro-françaises n'ont jamais été aussi bonnes. En invitant Bouteflika au 60e anniversaire du débarquement de Provence, c'est tout un hommage, même à titre posthume, que rend Jacques Chirac aux milliers d'Algériens morts aux côtés des soldats alliés. Ils étaient près de 176.000 Africains, en majorité des Algériens, à prendre part en ce 15 août 1944 au débarquement pour déloger les forces hitlériennes. La plupart perdront la vie au champ de bataille. En décorant personnellement l'Algérien Bouhenni Azzaz, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Jacques Chirac semble vouloir effacer l'affront fait aux Algériens un certain 8 mai 1945. La présence du président algérien, hier, à Toulon, plus qu'un symbole, est un signe qui ne trompe pas sur le rapprochement et sur les futures relations des deux pays. Le Traité d'amitié qui devrait être signé prochainement entre l'Algérie et la France illustre bien cela. La «phase tumultueuse» qui empoisonnait les relations entre Alger et Paris, lors de la décennie écoulée, semble ainsi complètement oubliée. Il y va même de l'intérêt des deux pays. Le constat est tout simple, les deux pays sont condamnés à installer les fondements nécessaires pour une véritable coopération dans le respect des intérêts des uns et des autres. D'autant plus que l'Algérie, qui revient de loin, est courtisée actuellement de partout et n'a jamais été dans une position aussi «confortable». Cela fait bien évidemment longuement réfléchir.