Les 21 et 22 novembre 2005, un colloque international sur la gouvernance se déroulera à l'Ecole nationale d'administration (ENA) d'Alger, annonce Hocine Cherhabil, le directeur de cette école. Pour ce responsable « cette notion, à la fois centrale et controversée aux plans national et international, mérite aujourd'hui un échange de réflexions notamment entre l'Algérie et les pays de la Méditerranée ». Cherhabil est intervenu, hier, à l'occasion d'une table ronde sur la gouvernance organisée à l'ENA, en collaboration avec le Centre de recherche en économie appliquée en développement (CREAD) et l'Institut Maghreb Europe (IME) de l'université Paris VIII. Plusieurs chercheurs et universitaires (algériens et français) sont intervenus, sous la forme de panel, autour de quatre axes : la « Notion de gouvernance », la « Réforme de l'Etat et la gouvernance », la « Régulation » et la « Société civile et la gouvernance ». François Castaing, chercheur à l'Institut Maghreb Europe (IME) de l'Université Paris VIII, s'est attelé à donner une définition qu'il considère une simple contribution pas plus. « C'est un mode de prise de décisions dans le cadre d'une organisation collective particulière où est censée exister une multiplicité des lieux de pouvoir garantissant l'efficacité », dira-t-il. Pour son collègue Gérard Prévost, « il y a une crise de gouvernabilité avec notamment l'épuisement des forces traditionnelles de gestion des sociétés, mais surtout une crise des catégories sociales moyennes avec juxtaposition des clivages culturels ». Ce chercheur ira plus loin en faisant remarquer : « Ce que l'on vit aujourd'hui trouve une analogie avec ce que vivait l'humanité à l'âge du néolithique. » Mohamed Benguerna, chercheur au CREAD, ne manquera pas d'attirer l'attention des intervenants sur « la nécessité de prendre en compte les questionnements et les inquiétudes des larges couches de la population » algérienne par rapport à cette notion de gouvernance. C'est pourquoi d'ailleurs Amor Khellif, chercheur, évoquera le concept de « l'inclusivité » qui se greffe désormais à la gouvernance. Il se demandera alors « à quoi correspond l'insistance des institutions financières internationales pour faire impliquer les femmes, les jeunes et autres dans les affaires publiques ». Car, pour Khellif, cette participation « ne correspond à rien du tout » dans la concrétisation de la gouvernance. Il préconisera plutôt l'implication des forces porteuses de projets d'intégration comme la bourgeoisie productive ou les ingénieurs et techniciens. Cela alors que pour Adda Bekkouche de la Cité Unie-Paris, « l'Etat se repositionne même si la souveraineté est remise en cause ». Il établit, par la même occasion, qu'il y a « prospection dans les sociétés où il y a des traditions d'évaluation », notamment de la part de petits pays développés. D'où son constat : « Pourquoi alors de la part de pays sous-développés ? » C'est à ce niveau là que A. Cherrad de l'université de Constantine pose la problématique de l'urbanisation avec ce que cela induit comme territoires délaissés. Ces derniers sont considérés par cet universitaire comme des isolats où se manifestent des phénomènes comme les revendications, la confrontation, la convoitise et autres. Quant à Farid Gasmi de l'université de Toulouse I, il expliquera la « théorie de l'agence » qui consiste en la séparation des pouvoirs entre les propriétaires et les managers. Il s'agit d'une délégation de la part des premiers au profit des seconds dans le sens d'un meilleur rendement. Pour Aïssa Kadri, directeur de l'IME, « la gouvernance dépend des valeurs et de la culture des pays ».