A chaque rencontre citoyens-autorités locales, la wilaya de Annaba se dessine et se raconte. Les propos, les interpellations et les réponses évasives données aux préoccupations des habitants précisent les contours de ce qu'aurait dû être cette wilaya. Chaque été, cette dernière change, se métamorphose et se transforme beaucoup plus en mal qu'en bien. Cette situation a été confirmée jeudi dernier à l'occasion de la rencontre initiée et organisée au siège de la direction de la jeunesse et des sports par l'Union des associations de quartier de la wilaya de Annaba (UAQWA). Les représentants des quartiers ont tous souligné que Annaba est une ville de mouvement et constamment en mouvement, une ville du durable et de l'éphémère, de la certitude et du doute, de la confirmation et de la remise en question. Tout en mettant en relief les aléas quotidiens des 300 000 habitants que compte la commune chef-lieu de wilaya et les quelque 20 000 de Seraïdi, ils ont tenté d'appréhender les causes qui en seraient à l'origine. A ceux qui les écoutaient, ils ont souligné des réalités. Celles qu'ils avaient notées au fil des affaires qui dans la presse locale et nationale ont marqué, blessé et découragé les populations des 12 communes de la wilaya et particulièrement celle de Annaba, Seraïdi, El Bouni. Les intervenants ont abordé le Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme non appliqué depuis son approbation en 1997, les dernières tentatives de révision. Ils ont applaudi la décision du wali de ne pas permettre la colonisation des grands espaces verts (Cap de Garde - Piémont de l'Edough) par le béton. Ils ont également approuvé la procédure judiciaire entamée à l'encontre d'un notaire derrière la cession illégale de plus de 700 ha de terre à El Bouni. Dans cette ville de l'est du pays, où la saison estivale sera déclarée, officiellement, ouverte le 1er juin, la contradiction est omniprésente. Préoccupée par des affaires toutes matérielles, montrant avec ostentation sa complexité sociale, mais habitée par des réalités quotidiennes, Annaba aura à vivre le même jour la célébration de la journée mondiale de l'enfance. Des citoyens de sensibilités et couches sociales différentes se sont déjà exprimés sur la situation de nos enfants. Ils ont abordé les souffrances que vivent quotidiennement des centaines de cancéreux de la clinique St-Thérèse et des 30 000 autres à travers le pays. Leurs propos ont été entendus par le chef de la daïra de Annaba qui présidait les débats. M. Bouchareb député Islah à l'APN en a également pris connaissance. Par leur absence chronique à toutes les rencontres liées aux préoccupations des habitants, les autres élus, y compris les députés et les sénateurs, ont démontré tout le mépris qu'ils éprouvent vis-à-vis de ces habitants et le peu de cas qu'ils font de leurs problèmes. Le contraire leur aurait permis de faire un voyage à travers différentes communes, quartiers et cités où se mêlent la misère, la déchéance humaine, les larmes des mères et pères de famille, la colère et la révolte. Jeudi dernier, des cadres, des travailleurs, des fonctionnaires, des chômeurs, des femmes au foyer ont dénoncé à la minorité de responsables et gens de la presse présents toute la mauvaise gestion des deux communes de Annaba et de Seraïdi. Tous ont été informés de l'appel de ce père de famille et de ses 6 enfants en bas âge. N'ayant rien à leur offrir, il a été contraint de les placer chez des familles d'accueil. De cette petite fille de 6 ans qui, en toute innocence, a préféré aller dans un centre pour enfants assistés, où l'avait emmenée son père, pour bien dormir et manger