Vendredi 16 février, 14h30. Annaba, chef-lieu de commune, était pratiquement vide. Même les rares gérants de magasins traditionnellement ouverts après la prière du vendredi s'étaient donné le mot pour rester chez eux. Tous avaient décidé de suivre à travers la petite lucarne ou la radio la rencontre de la Coupe d'Algérie. Elle opposait à El Eulma (Sétif) l'USM Annaba, leur club, à son homologue d'Alger. L'événement était de taille. Chacun rêvait de voir l'USM Annaba décrocher la Coupe d'Algérie, synonyme de compétitions africaine et arabe à Annaba. Rêve d'autant réalisable que, quelques jours auparavant, les joueurs avaient juré de terrasser l'ogre algérois. Cette certitude était bien ancrée dans l'esprit de chaque supporter. La veille déjà, de longs cortèges de voitures, pleines de jeunes supporters et bariolées aux couleurs de l'USM Annaba, s'étaient formés. Durant toute la nuit, elles avaient sillonné les artères de la ville avec avertisseurs et feux de détresse allumés. L'ambiance était à l'optimisme. La joie était dans l'air. Le lendemain, très tôt le matin, ils étaient quelque 10 000 à prendre la route d'El Eulma. A partir de là, l'ambiance de fête allait radicalement changer. Bien avant le début de la rencontre, l'on annonçait le décès dans un accident de la route de 3 supporters. Des centaines de témoignage concordent à dire que d'autres supporters ou prétendus comme tels n'avaient pas cessé de provoquer des troubles dans les villages et localités qu'ils traversaient. Des informations recueillies auprès de la gendarmerie de la commune de Azzaba et de Chelghoum Laïd précisent qu'à l'aller de Annaba vers El Eulma, des énergumènes ont saccagé des locaux commerciaux et agressé des citoyens. Ce qui aurait entraîné des actes de vengeance. C'est ainsi qu'au retour, tout véhicule ou transport en commun immatriculé à Annaba devenait la cible de jets de pierres. A Azzaba, la présence en force sur la route des éléments de la gendarmerie de Skikda a permis d'éviter le pire. Les gendarmes avaient dû escorter les automobilistes de Annaba jusqu'à la limite territoriale de la wilaya pour leur éviter tout contact avec une population locale déchaînée. Celle-ci tenait à venger les siens qui, la matinée, avaient été victimes d'agressions gratuites commises par des énergumènes sans relation aucune avec le sport et encore moins avec l'USM Annaba.
