L'alerte de M. Lembo intervient à la suite d'un constat déficitaire en matière de communication entre les gouvernants et les gouvernés. Dans une conférence de presse animée hier au siège de l'ONU à Alger, le représentant onusien a fait un constat alarmant sur l'état dans lequel se trouve la communication entre les instances de l'Etat et les citoyens algériens. M.Paolo Lembo propose son remède. Il s'agit d'un projet consistant à informatiser toutes les administrations des collectivités locales, allant des communes aux wilayas et à les connecter par le réseau Delnet. «L'ONU participera au projet avec un budget allant de 500 millions à 1 milliard de dollars», a déclaré le représentant de l'ONU, lors de la conférence de presse qu'il a organisée, hier, au siège de son organisation. Selon le diplomate, le projet a reçu l'agrément du ministre de l'Intérieur qu'il a rencontré la semaine dernière. Le représentant de l'ONU a usé du ton nécessaire afin de marquer l'urgence de la mise en oeuvre de ce projet. «La situation risque de dégénérer si on ne capte pas la frustration des citoyens par le développement des nouvelles technologies de communication», a-t-il déclaré. L'alerte de M.Lembo intervient à la suite d'un constat déficitaire en matière de communication entre les gouvernants et les gouvernés. Il faut noter que le choix du ministère de l'Intérieur n'est pas fortuit. En effet, ces derniers mois, les citoyens ont exprimé ce déficit par des manifestations qui ont souvent dégénéré en violences. De la Kabylie aux autres régions du pays, le phénomène est presque le même. A chaque distribution de logements, à chaque dépassement d'un représentant de l'Etat, à chaque défaillance de l'administration, la frustration ressurgit à la faveur d'un déficit criant en matière de communication de la part des autorités. Le représentant de l'ONU, en diplomate, sans citer ces dérives, met en relief le rôle de la communication en guise d'avertissement. «Sans les voies de communication qui permettent au citoyen de s'exprimer, de critiquer et de participer à la gestion de la vie publique, il développera un sentiment d'aliénation propice à tous les dangers.» Dans le même ordre d'idées, il ajoute: «Derrière chaque démocratie stable, il existe une capacité de bien gérer les méthodes de communication.» C'est aussi dans ce sens que M.Lembo a voulu souligner l'importance du projet présenté par son organisation. D'abord, la connexion au réseau Delnet permettra l'échange des expériences entre les collectivités du pays et les autres régions du monde, ensuite elle contribuera à la formation des cadres algériens. «C'est une occasion de donner les moyens à ces administrateurs, souvent très qualifiés, pour exprimer leur professionnalisme afin de pouvoir identifier les réponses les plus appropriées aux problèmes.» Allant plus loin dans son analyse, le diplomate dira que l'Algérie risque de subir, d'une manière négative, les retombées de l'ouverture économique et de la mondialisation. A ce titre, il déclare: «Sans une communication de proximité qui transmettra les préoccupations et les spécificités de chaque région, les choses risquent de se compliquer à l'avenir.» Et d'alerter: «Il n'y a plus de temps à perdre, il faut rectifier la stratégie de communication.» De cause à effet, et à propos de l'ouverture économique, M.Lembo a particulièrement insisté sur «le rôle que peut jouer le secteur privé en synergie avec les autorités dans la gestion des affaires publiques». Le représentant de l'ONU en Algérie a également indiqué que le projet sera mis en oeuvre dans un premier temps au niveau de 4 wilayas pilotes rassemblant les différentes particularités du pays pour ensuite s'étaler sur l'ensemble du territoire. Les wilayas en question seraient Oran, Annaba, Alger et Tamanrasset. En outre, il a précisé que le Pnud, l'Unifar, Cifal, Delnet et le Bit sont, entre autres, les organismes qui participeront à ce projet présenté par l'ONU à l'Algérie.