« Il est choquant qu'un monument historique soit ainsi travesti et détourné de ses missions », s'inquiète un participant à cette rencontre organisée par la SARL Nia, en collaboration avec le département d'architecture de l'USTO. L'annonce, avant-hier, du wali, présent à cette rencontre, de l'injection de 20 milliards de centimes pour la réhabilitation de six sites historiques à Oran a quelque peu soulagé les participants, mais a relancé le débat sur la qualification professionnelle des restaurateurs appelés à intervenir sur ces sites. L'exemple du Palais du Bey, classé monument historique, un des monuments phares protégé, est plus qu'édifiant. « Cet édifice, souligne M. Tazi, expert en urbanisme de la société française ECTI, mérite un travail de professionnels. » Car, dit-il, « Ses ors, ses marbres, ses statues, ses peintures, ses coupoles... doivent être restaurés avec une grande technicité. » En un mot, même avec les fonds nécessaires, les artisans, sans qualification, ne feront pas revivre ce palais. Car une technique mal adaptée sur l'ancien « Eden des nuits ottomanes », niché dans la baie d'Oran, peut lui faire courir des risques importants. Ce qui est le cas puisque de nombreuses interventions sur ce site ont échoué. Souvent, seules des interventions bien ciblées permettent de les protéger des agents biologiques ou chimiques nocifs. C'est d'ailleurs le thème central de la journée d'hier. A cette date, les matériaux utilisés à cette occasion doivent être, au moins en partie, remplacés. Ceci dit, l'humidité a également provoqué des dégâts au niveau des peintures de ces édifices. Ces mesures peuvent consister en une modification adéquate des caractéristiques des matériaux utilisés. Le ciment, par exemple, est formellement proscrit. Les travaux de restauration de monuments historiques font intervenir, de l'étude à l'exécution et au contrôle, de nombreux acteurs - des experts-historiens, des historiens d'art, des architectes spécialisés, etc.-, aux différents corps de métiers qui interviennent directement sur le monument (maçons, charpentiers, couvreurs, sans oublier les spécialistes de l'échafaudage et le fabricant de tuiles vernissées et colorées). Une somme formidable de compétences hautement qualifiées est ainsi nécessaire pour garantir une conservation rigoureuse du patrimoine. Soumis, au stade de l'étude, aux avis des spécialistes en histoire de l'art, les travaux de restauration obéissent, pour leur exécution, aux règles administratives du code des marchés publics. Mais une architecte soulignera que la loi 98 n'exige pas les compétences. D'où le vide juridique dans lequel se débat la restauration. Plus encore, cette architecte affirme qu'aucun spécialiste en restauration n'existe en Algérie. La réponse de M. Tazi a été alors de solliciter des bourses de formation auprès de l'UNESCO.