La situation qui prévaut au sein de l'unité Elatex de Meskiana, dépendante de celle de Tébessa, n'augure rien de bon, d'autant que cette usine, spécialisée dans le lavage et le peignage de la laine, vit dans un état de léthargie. D'abord, parce qu'elle est privée d'électricité pour non-paiement des factures Sonelgaz, et ce, depuis trois années ; ensuite, parce que l'unité a cessé de produire depuis la coupure d'électricité. Ainsi, les ouvriers n'ont perçu aucun salaire depuis 7 mois. Rencontré devant l'entrée de l'usine, l'un d'eux nous a confié : « Cette situation m'a poussé à vendre mon téléviseur. Je dois bien payer mes dettes et nourrir ma famille. » L'unité Elatex de Meskiana, située à l'entrée est de la ville, employait au départ 480 ouvriers. Elle fournissait la laine aux complexes de Aïn Beïda et de Tébessa, lesquelles la transformaient en fil destiné au tissage. Durant les années 1990, l'unité a connu un dégraissage jusqu'à l'os de ses effectifs, passant ainsi de 480 à 108 travailleurs, entre ouvriers, employés et agents de sécurité. Depuis, l'unité se débat dans d'inextricables problèmes : manque de matière première, vieillissement des machines, amortissement du matériel... Il y a quelque temps, les biens mobiliers de la cuisine ont été démontés et vendus aux enchères. Certains ouvriers, rencontrés sur les lieux du travail, nous ont fait part de leur mécontentement. Ils nous ont remis une lettre où sont mentionnées leurs doléances. Outre le fait qu'ils soient privés de salaire depuis 7 mois, ils contestent la vente du matériel de l'unité, surtout celui de la cuisine qui, selon eux, dépasse de beaucoup le montant rapporté par son adjudication. « Nous dépendons de la même filiale que Tébessa, alors comment se fait-il qu'on s'occupe plus des ouvriers de là-bas que nous ? », s'interroge un travailleur. L'actuel directeur de l'unité Elatex de Meskiana n'a été désigné qu'en 2004, aussi ne se sent-il pas responsable de la situation antérieure. Quand nous l'avons contacté pour un entretien, il a demandé qu'on lui accorde le temps de contacter la direction générale de Tébessa pour avoir son aval et communiquer avec la presse. Or, la situation que traverse l'unité n'inspire guère l'optimisme, selon les travailleurs gagnés par l'inquiétude et le doute. Il y a quelque temps, on a parlé de la dotation de l'unité de machines de filature provenant du complexe de Tiaret. « C'est un matériel très vieux, donc amorti qu'on veut nous fourguer », nous dit un autre travailleur. « Il faut rénover le matériel de l'usine qui date des années 1980. Il n'est plus performant », ajoute encore notre interlocuteur. Avec les dettes qui s'accumulent d'année en année, on voit mal le bout du tunnel. Certains ouvriers exigent même qu'une enquête soit ouverte afin de mettre la lumière sur la vente du matériel de cuisine. En tout état de cause, le malaise que vit l'unité n'est pas près de s'estomper tant que les ouvriers ne perçoivent pas les arriérés de leurs salaires et assistent au redémarrage de leur usine. C'est ce qui importe le plus aux yeux de tous. Car la fermeture de l'unité est une perte ressentie par toute la population de Meskiana, où même le commerce a pris un coup. Par ailleurs, la reprise de l'activité de l'Elatex induira une nouvelle dynamique et, pourquoi pas, nécessitera de nouveaux recrutements, car l'usine en question est conçue pour tourner avec plus de 500 ouvriers. Un plan de redressement est plus que jamais vital pour la mise sur les rails de l'Elatex.