Quel bel hommage, émouvant et sincère que celui témoigné hier à celui que les Tiaretis continuent d'appeler « Si Mohamed » et que les amis, proches ou frères militants de la cause amazighe désignent sous le vocable « da Amrane ». Un hommage appuyé et sincère car dit par ceux qui se sont succédé à la tribune de la salle des conférences Mustapha mekki hier matin avec un langage simple, truffé d'anecdotes et de faits inédits qui situaient l'homme, sa vie et son œuvre qui s'inscrivaient depuis sa tendre enfance dans le noble combat de ces Imazighen, qui ont fait de l'officialisation, après sa reconnaissance, de tamazight une de leurs revendications leitmotive tout au long de l'histoire mouvementée de l'Algérie. Hier, l'émotion était vive. Ni Youssef, son fils, ni son frère, encore moins quelques proches parents n'avaient pu retenir leurs larmes après que Djamel Belhadj, l'ex-sénateur, Ali Mokrani, Abdellah Hmane, doyen de la revendication amazighe venu spécialement d'Oran, de Omar Aïssani et surtout de l'inépuisable Saïd Chibane se sont succédé pour raconter chacun à sa façon l'homme qui s'est éteint le 31 octobre 2004 à l'âge de 80 ans des suites d'une maladie chronique qui l'a beaucoup éprouvé mais qui n'avait entamé en rien cette flamme qu'il portait depuis sa prime jeunesse. Une jeunesse riche en événements et en leçons de patriotisme qu'il a forgé au contact d'hommes prestigieux et nationalistes et qu'il immortalisa sur les bancs du lycée de Ben Aknoun par ce poème resté pour la postérité gravé dans les mémoires des Algériens, particulièrement ceux qui ont voué leur vie à l'amazighité et son pendant, tamazight, Kker ammis umazigh, quel bel hymne à l'amour, à la liberté, écrit un certain 23 janvier 1945 et repris avec brio d'ailleurs par de jeunes éléments de la chorale de la maison de la culture de Tizi Ouzou. Des moments d'intenses communions en reconnaissance de l'homme et de la dimension de la cause qu'il incarnait et défendit en tant que militant puis en tant que président du HCA. Le HCA justement qui a tenu, nous dira en marge de la rencontre son SG M. Merahi, « à concrétiser l'initiative de cette jeune association locale » car cadrant avec les missions et le riche programme concocté par cette institution qui s'attellera à concrétiser le projet de la tenue d'un colloque d'envergure à la hauteur du défunt, proposer la baptisation de certains édifices à l'échelle nationale et surtout qui s'emploie à créer une fondation Mohamed Idir Aït Amrane. La journée hommage d'hier a été somme toute symbolique mais dégageait des relents de sincérité nonobstant le pragmatisme de ses animateurs et les préjugés de bon ou de mauvais aloi nourris à l'endroit de l'association Vie et espoir de Tiaret qui mérité un grand bravo. Notre interlocuteur, qui expliquait le programme de son institution tout en faisant part du maigre budget alloué, a dévoilé cette brochette d'activités à l'exemple de la 6e édition du film amazighe qui va se tenir du 26 au 31 à Ghardaïa et pour lequel ont été institués des prix. L'olivier d'or et l'olivier d'argent, un salon du livre et du multimédia amazighe et d'autres activités non moins intéressantes pour dire quelque part la quête identitaire du défunt qui n'a pas été vaine et qui se poursuit inlassablement. Qu'Aït Amrane repose en paix.