Et ce n'est que le retour normal des choses pour un quartier qui, avec les cafés Brésil, Niziere, Bata, l'immeuble Charleroi, le cinéma Plaza, le groupe culturel et religieux Don Bosco (le patronage) la corrida des arènes (Torro), les équipes de basket-ball et hand-ball et le stade de L'avenir, fourmillait de vie. Ces derniers temps, beaucoup de pieds-noirs sont revenus à Oran pour un voyage de ressourcement. Et Eckmühl, sans rancune, ne déroge guère à la règle. Dans ce quartier magma, on trouve tout ce qui fait le label oranais. Il y a Khaled Hadj Brahim, Nani le chanteur, Tigri le berrah, Bensmir Missoum le mélomane, El Hendi le rayman, Boukessassa Kouider la star du football, Bouchaib l'historique membre du groupe des 22 qui a déclenché la guerre de libération, Souiah El Houari la légende oranaise, les martyrs guillotinés Bendahmane Saada et Bellalia Hasnia... et l'entraîneur national de l'équipe de handball Mekki El Djillali. Pour le président de l'association, Deffar Saïd, le quartier manque de tout aujourd'hui en matière d'équipements culturels et sportifs. « Aucune maison de jeunes, aucun terrain combiné ou lieu de distraction pour éloigner ces milliers de jeunes des tentations malsaines. » Et d'ajouter que sa toute récente association sportive ASE occupe déjà près de 150 jeunes qui s'adonnent au football. « Dieu merci, dira-t-il, avec peu de moyens, nous avons su gérer le club avec, en fin de compte, une ascension vers la division Honneur et un championnat de wilaya pour les cadets. MANQUE DE SUBVENTIONS Comme subvention, nous n'avons reçu que 25 millions de centimes dont 15 millions versés à titre d'engagement. Le stade ASE ne suffit plus pour contenir tous les jeunes qui s'adonnent à la pratique sportive et qui sont affiliés aux équipes de Sidi El Houari, les Planteurs, Saint-Antoine et Sananes. Pour cela, nous demandons l'aide des autorités et surtout celle de la wilaya qui ne semblent favoriser que les mieux nantis parmi les clubs sportifs. » Et d'enchaîner : « Nous voulons juste restaurer la mémoire d'un club et d'un sigle qui charrie en lui, et ce depuis 1933, plus qu'une simple histoire, une épopée. Celle des inconditionnels tels que les regrettés Benkrama et Belarbi dit Klaxon à qui nous dédions notre ascension », rappelle-t-il. Pour cela, le président souhaite récupérer, au bénéfice de l'association, le local du club qui a été affecté à la section de l'UNJA et dont on peut constater l'état lamentable. L'avenue d'Oujda, la rue mythe et les rues parallèles grouillent de monde. Le marché de quartier et les abords de la grande mosquée sont jonchés de détritus. L'eau, qui n'arrive qu'une fois tous les 5 jours, est objet de discorde et de palabres interminables. Deux voisins se chamaillent, chacun voulant utiliser en premier sa pompe dans la niche d'eau de l'immeuble collectif. Dans les cafés bondés de monde, indifférents aux brouhahas de l'extérieur et aux joueurs de dominos, on suppute déjà sur les relégables parmi les clubs de football de la division Une. Eckmühl en fin de semaine, dopé par ses propres palpitations, éructe son trop-plein d'agitations. Un quartier mémoire où tout est mémoire et espoir.