Les composants de l'Alliance présidentielle, qui ont fortement occupé le terrain ce week-end, semblent avoir du mal à communiquer entre eux. Du coup, l'énergie baisse et les zones d'ombre apparaissent. C'est l'impression qui se dégage des sorties publiques de Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN. Après une tournée à l'étranger, en compagnie du président de la République, Abdelaziz Belkhadem, qui ne s'est pas éloigné des affaires étrangères, s'occupe des questions domestiques. Il élève la voix contre ce qu'il a appelé « l'abus de pouvoir » qui, selon ses dires, vise le FLN. Sans donner d'indices sur « l'autorité » qui a ce « pouvoir » de neutraliser le FLN, Belkhadem n'a pas précisé la finalité de cette entreprise, à supposer qu'elle existe. Le FLN - c'est connu - est un parti installé dans la culture du complot. Belkhadem évoque la lointaine échéance électorale des législatives et des locales de 2007. Est-ce une priorité ? Cela explique-t-il une attaque évidente contre Ahmed Ouyahia ? Sauf que l'on ne sait pas si par ses critiques Belkhadem visait Ouyahia, le secrétaire général du RND ou Ouyahia le chef du gouvernement ? Car il y a un problème : le FLN siège au gouvernement. Il est partie prenante de toutes les décisions prises par ce même gouvernement. Aussi devient-il difficile d'essayer de comprendre l'attitude du FLN par rapport à la question de l'opération menée contre la corruption et au « retrait de confiance » aux élus. Mais, au fait, qui retire « la confiance » aux élus ? La Justice ? Les services de sécurité ? L'Administration ? Belkhadem, qui met tout sur le terrain glissant de « l'électoralisme », remet en cause une stratégie qui, aux yeux de l'opinion nationale, paraissait récolter l'adhésion des centres de décision. Celle de la campagne contre « les mains sales » qui, comme chacun le sait, se trouvent partout. Il met en doute également le travail de la justice. Et il suggère qu'il existe « une machination » qui vise le FLN. Tout cela est bien curieux. D'abord, les députés majoritaires du FLN n'ont pas mis dans la gêne le chef du gouvernement après la présentation de la déclaration de politique générale. Les quelques voix qui s'étaient élevées ont contribué, peut-être à leur insu, à rendre crédible une chambre parlementaire effacée. Ensuite, le FLN donne l'impression de découvrir que « l'humiliation » des élus est une nouveauté. Or, et c'est devenu systématique, l'administration et les relais sécuritaires travaillent, depuis des années et en permanence, pour limiter les prérogatives des élus, à commencer par les présidents d'APC. Il n'existe pas de démocratie locale. Pas plus qu'il n'existe une démocratie participative ni de contrôle populaire. Les walis, les chefs de daïra et les patrons des services de sécurité sont les maîtres dans les régions. Maîtres sans contre-pouvoir. Belkhadem et ses compagnons le savent. Et depuis longtemps. Autre chose : le secrétaire général du FLN défend « la réconciliation nationale » et dit qu'il n'a pas pris le train en marche. « C'est nous qui avions fait marcher ce train et qui parlions de réconciliation alors qu'elle était un sujet tabou », a-t-il proclamé. Le FLN de Boualem Benhamouda disait autre chose. Passons. Ouyahia a déclaré à l'APN que cette même « réconciliation nationale », à croire qu'il s'agit de la même variante, est couverte par un droit d'auteur imputable au président de la République. A ses yeux, personne n'a le droit de s'attribuer ce projet. Alors, si Ouyahia parlait au nom du gouvernement, dans lequel siège le FLN, pourquoi Belkhadem a-t-il réagi de la sorte ? A moins que l'on soit dans cette situation complexe : Ouyahia s'est exprimé au nom d'une sphère dans laquelle Belkhadem ne se retrouve pas. Ou dans une autre situation tout aussi floue : Ouyahia et Belkhadem ne défendent pas le même projet. On peut aussi penser, fort de l'expérience des années précédentes, qu'il existe une volonté d'entraîner le frêle débat politique dans une fausse polémique FLN-RND, histoire de meubler le vide, d'amuser la galerie, de faire du bruit et de dessiner des traits de couleurs dans un brouillard de printemps. A moins que tout ce « charivari » annonce un été chaud en rebondissements. Eté porteur de grosses surprises. Parce qu'il faut bien que quelque chose « bouge » dans ce pays !