Belkhadem parasite le message de Ouyahia Le chef du gouvernement a-t-il parlé trop vite en déclarant l'amendement de la loi fondamentale «proche, proche»? La sortie médiatique aussi inattendue qu'étonnante du secrétaire général de l'instance exécutive du Front de libération nationale sur un sujet qui a tenu en haleine classe politique, médias et observateurs depuis maintenant plus de deux années, jette en effet quelques zones d'ombre autour de l'imminence de sa tenue. Si l'on se fie aux déclarations des leaders des deux principales formations politiques, le doute n'est point permis quant à la tenue de la révision de la Constitution. Où, quand et comment? Le mystère persiste. Abdelaziz Belkhadem a su savamment l'entretenir. «Elle se tiendra dans les deux mois à venir», avait-il déclaré mardi dernier au cours d'une cérémonie organisée par son parti au siège de la mouhafadha d'El Harrach, à l'occasion du mois sacré du Ramadhan. Le secrétaire général du FLN semble ne plus vouloir céder un pouce sur ce terrain à son rival du Rassemblement national démocratique. Ahmed Ouyahia, lui, a, somme toute, volé la vedette en annonçant la tenue prochaine de la révision de la Constitution. Il a enfoncé le clou en appelant le chef de l'Etat à briguer un troisième mandat et il le justifie. «J'appartiens à une formation qui a le droit de choisir. Certes, je ne revendique pas Abdelaziz Bouteflika comme propriété du RND, mais nous le soutenons car nous récoltons aujourd'hui le fruit d'une décennie», avait tenu à préciser l'actuel patron de l'Exécutif, la semaine dernière lors de la tenue du conseil national du Rassemblement national démocratique. On a dû l'avoir saumâtre du côté du Front de libération nationale. La paternité de l'initiative de la révision de la Constitution vient de lui glisser d'entre les mains. Abdelaziz Belkhadem l'a couvée et soigneusement entretenue, et ne voilà-t-il pas qu'elle lui échappe. La désillusion de sa vie, d'un parcours politique forgé dans l'adversité, Abdelaziz Belkhadem joue sa survie au sein d'une formation politique où son leadership est battu en brèche. On prête même au troisième personnage de l'Etat des intentions de prendre la tête de la campagne pour la révision de la loi fondamentale. Abdelaziz Ziari portera-t-il l'estocade à l'ex-chef de gouvernement? En plus d'avoir hérité de la primeur de l'annonce de la révision de la loi-mère, Ahmed Ouyahia a réussi un coup de maître. Il aura contribué à déstabiliser son plus sérieux rival. Cela fait tout de même fausse note pour une Alliance présidentielle qui aimerait s'avancer en front uni pour un troisième soutien à la magistrature suprême de Abdelaziz Bouteflika. Et il y a là, de toute évidence, une bien étrange façon de communiquer. Les violons semblent avoir du mal à s'accorder. Du côté du Palais d'El Mouradia, on entretient le suspense. Aucune déclaration officielle n'est venue infirmer ou confirmer la tenue prochaine de la révision de la Constitution. On attend certainement que le chef de l'Etat descende dans l'arène pour remettre de l'ordre à ce qui ressemble à un début de chahut, mais aussi pour fixer la date de l'amendement de la révision de la Constitution. L'idée du référendum, qui a pendant longtemps fait son chemin, donne l'impression d'avoir été abandonnée. «Nous sommes pratiquement à la fin du mois de septembre. Il y a forcément une hypothèse qui se profile et une autre qui s'éloigne», avait laissé entendre le chef du gouvernement. Abdelaziz Belkhadem est moins précis: «Si cette révision touche le fond de la Constitution, elle passera par voie référendaire, si elle ne concerne que quelques articles, elle sera soumise au Parlement.» Le secrétaire général du FLN, en restant évasif, a-t-il l'intention de brouiller l'annonce et les déclarations de Ahmed Ouyahia? A moins qu'il ne soit plus dans les secrets des dieux, la sortie de Abdelaziz Belkhadem s'associe et comporte de sérieux indices de début de disgrâce.