Le secrétaire général du FLN a l'intention de quitter le gouvernement pour se consacrer aux affaires du premier parti du pays. C'est désormais, depuis hier, la veillée d'armes dans les QG des partis directement concernés par le remaniement ministériel. Celui-ci, en effet, est annoncé par plusieurs sources pour ce week-end. Contrairement à ses habitudes, le président Bouteflika, en rentrant à Alger, n'a pas convoqué de conseil des ministres. Un conseil de gouvernement, sans doute le dernier, a en revanche, eu lieu hier-matin, a-t-on pu apprendre de sources ministérielles. Les partis composant l'Alliance présidentielle, mais aussi ceux qui espèrent intégrer la coalition gouvernementale, à commencer par l'UDR d'Amara Benyounès, s'attendent tous, donc, à ce que le président annonce dès ce jeudi les remaniements qu'il devra apporter à son équipe gouvernementale, afin de garantir la réussite de son plan d'aide à la relance économique, second du nom. Bouteflika, durant les mois passés, avait pris le soin d'accorder des audiences à chacun de ses ministres afin d'évaluer leur travail et de décider quels changements opérer. Il semble que l'annonce, pour le moins inattendue, faite par le ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, de son retrait du gouvernement, lors du prochain remaniement, ait contribué à précipiter les choses, ou plutôt ait été le coup de starter que tout le monde attendait. Quelques jours auparavant, Abdelaziz Belkhadem, toujours lui, soulignait finement, lors d'une conférence de presse, être au courant du nom du prochain chef du gouvernement, mais qu'il refusait de le livrer, en laissant le soin au président de la République, seul habilité à le faire. Il va sans dire, toutefois, que si le facteur compétence joue un rôle déterminant dans le choix des hommes au gouvernement, le respect du poids de chacun des partis présents au Parlement, désirant entrer à l'Exécutif, sera lui aussi largement pris en compte. C'est pour cette raison que Belkhadem, qui a fait montre de très grandes compétences sur le plan diplomatique en faisant, notamment, du sommet arabe d'Alger une éclatante réussite, continue de dire que le FLN restera majoritaire au sein du gouvernement et aura son mot à dire dans toutes les grandes décisions devant être prises à l'avenir, à commencer par le contenu que compte donner le chef de l'Etat à son fameux plan portant amnistie générale. Il faut dire que Belkhadem, en occupant deux postes de la plus haute importance, s'est retrouvé en quelque sorte «débordé» sur les flancs. A peine venait-il de dénouer la crise qui a secoué, deux ans durant, le FLN, qu'un autre problème lui est tombé sur les bras à la suite du dialogue entamé par Ouyahia avec le mouvement des archs et la décision unilatérale prise par le RND de rappeler l'ensemble de ses élus locaux de Kabylie. Le FLN, qui compte 211 élus au sein de cette région, nous indiquent des sources proches de sa direction, «fait face à une véritable crise puisque seul le cinquième de ce nombre a répondu favorablement à l'appel de son secrétaire général de se retirer avant que le décret de dissolution des assemblées locales élues de Kabylie ne soit signé, ce qui constituerait un terrible revers pour le premier parti du pays». C'est, donc, dans le but de prendre en charge personnellement cette question, mais aussi de se préparer aux multiples échéances à venir, que Belkhadem a décidé de se retirer du gouvernement. Sans doute souhaite-t-il, comme il l'a maintes fois souligné, maintenir le FLN dans sa première place face à la rude concurrence que lui livre son frère ennemi qu'est le parti d'Ahmed Ouyahia. La mise en place des encadreurs locaux, quant à elle, a commencé au niveau de nombreuses wilayas du pays afin que les kasmas et les mouhafadhas soient dissoutes dans les tout prochains jours. Les opérations de redistribution des cartes et de sensibilisation des militants de base devraient, ainsi, durer jusqu'au 15 juillet avant que ne commencent les assemblées électives et que les structures de base du FLN, au nombre de plusieurs milliers, ne soient toutes renouvelées d'ici à la prochaine rentrée sociale.