à trois mois de l'élection présidentielle, les directions du vent commencent à changer. D'une étrange accalmie, qui a duré des mois durant, on est en train de vivre quelques frémissements. Du moins en l'espace d'un week-end. C'est, en effet, à partir du week-end passé que les titres de la presse ont commencé à donner les signes d'une échéance électorale qui se rapproche, celle de la présidentielle en l'occurrence. Mais, contrairement aux semaines précédentes –exception faite de la révision de la Constitution- où c'étaient les partis de l'Alliance présidentielle qui menaient le bal, c'est à un parti de l'opposition, le RCD, d'ouvrir les hostilités. Ce n'est point pour critiquer comme d'habitude, mais plutôt pour annoncer une information de taille : refuser d'aller à l'élection présidentielle d'avril. Du coup, et plus qu'une décision interne, Saïd Sadi a mis fin aux espoirs de certains dirigeants politiques de le voir partie prenante dans la course à la magistrature suprême. Et les partisans de cette idée se recrutent même au sein des partisans de Abdelaziz Bouteflika. C'est le cas du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, d'avouer, à deux reprises, qu'il souhaitait voir des personnalités de haut rang s'investir dans ce scrutin. Puisque jusqu'à aujourd'hui, aucune personnalité -du moins les habitués- n'a annoncé son intention de se présenter lors du scrutin d'avril, en dehors de Louisa Hanoune qui, tout en se gardant de se déclarer publiquement candidate, a quand même retiré le formulaire de candidature auprès des services du ministère de l'Intérieur. Plus qu'un refus donc, Saïd Sadi a pris une autre décision, incompréhensible pour certains, qui est celle de geler les activités publiques de son parti d'ici à l'élection présidentielle. Officiellement, le RCD a justifié cette entreprise par sa volonté de dénoncer «l'instrumentalisation» de la scène politique et son refus de «cautionner un semblant d'activité politique inexistant dans la réalité», pour reprendre la formule d'un haut responsable du parti. Plus loin encore, et dans un entretien accordé à un site Internet, le président du RCD a réitéré son vieux appel à l'union adressé à son frère ennemi du FFS. Sans écho jusque-là. Sauf que la chose qui semble établie pour le moment, c'est que l'absence du RCD –et très probablement du FFS- à cette élection consacrera définitivement l'absence pour la première fois de ce courant politique d'une élection aussi importante que la présidentielle. En revanche, de l'autre côté du terrain, c'est-à-dire de l'Alliance présidentielle, le discours est à l'optimisme, voire à l'euphorie. Puisque les trois partis qui composent la coalition gouvernementale (FLN, RND et MSP) auxquels s'ajoutent les anciennes organisations de masse, commencent déjà à se mobiliser pour mener une campagne presque sans accrocs, étant donné qu'ils sont sûrs de la victoire de leur grand champion, surtout en l'absence d'un candidat de poids. Samedi, ce sont les chefs des trois partis et de huit organisations qui se sont réunis au siège du FLN à Alger pour élaborer une stratégie commune de campagne. Hier, c'est encore un dernier soutien, en la personne de Bouguerra Soltani, qui s'est affiché publiquement, après une hésitation qui a duré quelques mois. Et les choses ne restent pas là, puisque le triumvirat, auquel s'ajouteront l'UGTA et d'autres organisations, va encore se voir mercredi prochain pour le même objectif. Mais face à cet optimisme, une crainte pointe du nez. Il s'agit d'une peur d'un fort taux d'abstention. Personne ne l'admet publiquement (en dehors des allusions de Belkhadem) mais la peur est perceptible. Quant aux autres candidats, notamment Moussa Touati, ils attendent probablement le début de la campagne officielle pour donner signe. Même si, la politique étant l'art du possible, des surprises pourraient survenir d'ici-là. A. B.