Le GSPC algérien a été, selon les agences de presse, accusé hier par l'armée mauritanienne d'avoir fomenté une attaque contre une base située au nord-est du pays, non loin des frontières avec l'Algérie. L'attaque, qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, s'est soldée par la mort de quinze militaires et cinq assaillants. Selon un communiqué de l'état-major mauritanien, remis à la presse, dix-sept soldats ont été blessés lors « des combats acharnés » dans cette base de Lemgheity, à environ 400 km à l'est de Zouérate, à proximité des frontières de la Mauritanie, de l'Algérie et du Mali. L'armée mauritanienne a été mise en état d'alerte maximum et des renforts, dont des avions de reconnaissance, ont été dépêchés dans la région. Un avion de l'armée s'est posé dimanche sur la base attaquée et certains blessés ont été évacués vers des hôpitaux de Nouakchott. Les assaillants ont emporté six véhicules et incendié deux camions avant de prendre la fuite. La base attaquée, située en plein désert dans une zone où évoluent nombre de bandits et de trafiquants, n'abritait qu'une cinquantaine d'hommes, selon des sources militaires. Le GSPC a été accusé par Nouakchott de connexion avec des « djihadistes » du mouvement islamiste mauritanien. Depuis le 25 avril dernier, une cinquantaine d'islamistes mauritaniens, accusés de liens avec le réseau terroriste Al Qaîda, sont actuellement incarcérés à Nouakchott. La Mauritanie, qui semble être durablement installée dans une situation d'instabilité politique avec les coups d'Etat avortés qui rythment la vie politique nationale, a été secouée, dans la nuit de jeudi à vendredi, par de violents affrontements entre l'armée régulière et des assaillants qui ont attaqué une base militaire dans le sud du pays, à 400 km au nord-est de Zouerate, importante région minière du pays. L'attaque menée par un groupe de 100 à 140 assaillants circulant à bord d'une douzaine de véhicules s'est produite à proximité de la Mauritanie, de l'Algérie et du Mali. Quinze militaires ont été tués et au moins vingt autres blessés, selon des sources mauritaniennes. La base ciblée abrite une cinquantaine de soldats. Elle est située en plein désert, dans une espèce de no man's land, territoire de prédilection des contrebandiers, selon des sources militaires mauritaniennes. Cette piste, si elle n'est pas nouvelle pour la Mauritanie, un pays aux frontières poreuses qui présente le désavantage d'être situé dans un espace géographique où la contrebande fait rage, elle ne saurait, en revanche, occulter les réalités politiques que traversent la Mauritanie aujourd'hui. Le régime du Président mauritanien Ould Sid Ahmed Taya fait face, depuis plusieurs années, à une rude opposition qui s'était traduite par une série de coups d'Etat déjoués, fomentés par des officiers supérieurs de l'armée. Ce mouvement dissident, « les cavaliers du changement », est basé en exil. Deux de ses dirigeants, Abderrahmane Ould Mini et Saleh Ould Hennena, furent condamnés en février dernier à la réclusion à perpétuité pour leur implication dans les tentatives de coup dEtat de juin 2003 et d'août et septembre 2004. Le régime mauritanien est confronté également depuis ces toutes dernières années à une nouvelle menace venant cette fois-ci des milieux islamistes et intégristes. L'établissement de relations diplomatiques de Nouakchott avec Israël a poussé les islamistes mauritaniens à radicaliser leur position à l'égard du régime de Ould Sid Ahmed Taya. Des sources mauritaniennes n'excluent pas l'existence de liens doctrinaux et opérationnels entre les milieux islamistes mauritaniens et le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) qui s'est redéployé dans la région du Sahel, comme l'atteste l'arrestation d'un de ses chefs terroristes, Abderrezak El Para, qui se trouve actuellement entre les mains des services de sécurité algériens en attendant son procès. Le 25 avril dernier, les services de sécurité mauritaniens ont opéré un grand coup de filet dans les milieux islamistes mauritaniens à l'issue duquel une cinquantaine d'activistes accusés de liens avec les réseaux d'Al Qaîda furent arrêtés. Leur arrestation avait eu lieu suite à l'interpellation et l'inculpation pour « constitution d'association de malfaiteurs » de sept « djihadistes » sur vingt qui, selon la police, « ont été formés au combat dans le maquis du GSPC ». La Mauritanie souffre aujourd'hui de l'absence d'une classe politique capable de conduire le changement si indispensable pour ce pays. Le vent de démocratisation qui avait soufflé sur les institutions dans les années 1980 avec la tenue des premières élections municipales pluralistes s'est vite estompé à l'ombre d'un régime autocratique qui refuse le jeu de l'alternance. L'absence de démocratie a généré une situation politique confuse et instable où le pouvoir passe son temps à surveiller et à mater les velléités de rébellion de plus en plus fortes qui s'expriment de manière cyclique au sein de l'armée et depuis quelques mois à affronter un nouvel adversaire, les islamistes, qui semblent bien structurés, suffisamment armés, comme l'atteste l'attaque de ce jeudi, mais surtout jouissant d'un puissant soutien extérieur.