Si ces commerçants mettent à exécution la décision de débrayage, la baguette risque d'être absente du panier de la ménagère. Le Comité national des boulangers, élargi aux structures de toutes les wilayas du pays, a très mal apprécié la dernière sortie du ministre du Commerce sur la chaîne de télévision Canal Algérie. M. Boukrouh avait déclaré : “Au nom du gouvernement, aucune hausse du prix du pain n'est envisagée. Cette question n'est pas en discussion et n'est même pas à l'ordre du jour du gouvernement”. Les boulangers se sentent quelque peu déconcertés, après plus cinq mois de négociation. Ils se disent même surpris. Du coup, ils menacent, une nouvelle fois, de recourir à la grève. La décision a été arrêtée hier, au cours d'une réunion organisée au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens en présence d'un responsable du ministère du Commerce. La date et la durée du débrayage sont laissées à l'appréciation du bureau du Comité national des boulangers qui se réunira au courant de la semaine. C'est la deuxième fois que les boulangers menacent de recourir à la grève comme ultime moyen d'interpeller les pouvoirs publics, sur le devenir de leur profession. Pourtant, de l'avis M. Benabdeslem, secrétaire général du Comité national des boulangers, le ministère du Commerce, dans un communiqué commun, non seulement reconnaît la légitimité des revendications, mais il s'est engagé à les prendre en charge. La commission mixte, semble-t-il, avait proposé d'augmenter le prix de la farine et du pain. Pour le pain, deux phases ont été retenues : 9,50 dinars à compter du 1er juillet 2004 et 11,50 dinars à partir de janvier 2005. Le Comité des boulangers, qui s'en tient à ses propres calculs, considère que le prix de revient de la baguette se situe à hauteur de 11,95 dinars, alors que le prix de la baguette normale est toléré à 7,50 depuis plus de huit années. C'est pour cela que les boulangers demandent aujourd'hui au gouvernement de réajuster les prix du pain et de la farine. “Nous ne demandons pas d'augmenter le prix de la baguette, ce qui nous intéresse c'est notre marge de bénéfices”, souligne M. Benabdeslem, compte tenu des augmentations enregistrées au niveau des charges et des différents intrants. Ce qui a d'ailleurs poussé, ils le reconnaissent eux-mêmes, des boulangers à tricher sur le poids de la baguette, fixée à 250 grammes. Certains, nous dit-on, ont baissé rideau. À Blida, ce sont 117 boulangers qui ont abandonné l'activité. Le représentant du ministère du Commerce, M. Yahiaoui, précise que les engagements pris par le département de Boukrouh, et qui relèvent de ses prérogatives, on été tenus. Un projet de décret pour réguler cette activité est en préparation. M. Yahiaoui remarque tout de même que si le pain est vendu sur les trottoirs, il provient des boulangeries. Un dialogue de sourds semble s'installer entre les boulangers et les pouvoirs publics, au gré des déclarations des uns et des autres. De la part du Comité des boulangers, le dialogue avec le ministère du Commerce est rompu. “Il y a un blocage total”, affirme M. Benabdeslem, secrétaire général du Comité national des boulangers. Ce n'est pas l'avis de M. Yahiaoui pour qui “les portes du ministère restent ouvertes au dialogue”. M. R.