Cette ultime décision intervient suite à la dernière déclaration du ministre du Commerce. Les boulangers vont enclencher une grève nationale et générale dans les tout prochains jours. La date sera arrêtée après la réunion du bureau du comité national des boulangers qui aura lieu au courant de cette semaine. C'est la décision adoptée hier, par vote à main levée, par la totalité des boulangers venus des 48 wilayas du pays pour assister à la réunion du comité national des boulangers et pâtissiers, affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Cette ultime décision intervient suite à la déclaration du ministre du Commerce, Nourredine Boukrouh, qui a, lors de sa dernière sortie, catégoriquement écarté l'éventualité de la hausse des prix du pain de 8,50 à 11,50 DA. «Toutes les voies de dialogue sont fermées. Le ministre a failli à ses promesses, alors qu'il aurait dû être plus clair dans ses positions cinq mois auparavant. Boukrouh a brouillé toutes les cartes» déclare d'emblée le secrétaire général du comité national des boulangers, M.Benabdesslem Medjdoub devant un parterre de boulangers et en présence de M.Yahiaoui, représentant du ministre du Commerce. Le SG du comité national des boulangers est revenu avec force détail sur le processus de dialogue ayant regroupé l'Ugcca avec le ministre du Commerce. «Nous avons maintes fois interpellé le ministre du commerce depuis le mois de décembre 2003 pour réviser le prix du pain. Mais nos doléances sont restées sans écho. Suite à quoi nous avons lancé un préavis de grève de 3 jours. Et c'est là que la tutelle nous a appelés pour tenter de trouver un terrain d'entente. A l'issue des réunions de la commission mixte Ugcaa/ministre du Commerce, on s'est mis d'accord sur trois points. A savoir: le réajustement des prix des farines et du pain, la réorganisation et la réglementation du secteur pour le préserver du marché informel, la disponibilité en quantité, en qualité et prix des farines panifiables». Le prix du pain, faut-il le souligner, a été fixé par un décret exécutif depuis le 13 avril 1996. La baguette du pain «normal» coûte ainsi 7,50 DA, tandis que le prix du pain amélioré est de 8,50 DA. Cependant, depuis cette date, tous les produits entrant dans la fabrication du pain ont augmenté. Dans ce sens, les boulangers, présents lors de la réunion qui s'est tenue hier au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens, sont tous revenus sur la question. «Un quintal de farine coûte dans les 2600 DA. Le kilogramme de levure est payé à 295 DA, les prix de l'huile, de l'eau qui va bientôt atteindre les 13 DA, les charges d'exploitation fiscales et parafiscales, les factures de l'électricité, les cotisations auprès de la Cnas qui sont de l'ordre de 35 % alors que les autres ne paient que 7 %...» s'est exclamé un boulanger. Cette situation délicate a poussé plusieurs boulangers à baisser le rideau. Ainsi, pour la wilaya de Blida, sur les 489 boulangers existants, 117 ont dû fermer et ce, à cause de la cherté des produits nécessaires pour la fabrication du pain. Il est à souligner que le prix du quintal de farine n'est pas déterminé. Il est vendu ainsi à 2.600 DA à Tamanrasset, 2 300 DA à Béchar... ce qui est à signaler aussi, c'est le manque de régulation des prix, d'une part. D'autre part, le prix du blé tendre est passé de 130 dollars à 220 dollars en fin 2004. Cette hausse a sensiblement influencé le marché local, notamment si on prend en compte le fait que l'Algérie importe 60% du blé tendre. Par ailleurs, les boulangers se sont étalés sur le phénomène qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes. Il s'agit de la vente du pain sur les voies publiques. Une autre face du commerce informel. Mais cela est une autre paire de manches contre laquelle les Directions du contrôle des prix (DCP) sont appelées à agir avec plus de vigueur et de fermeté.