L'activité de protection de la santé en milieu scolaire, instituée depuis plus de deux décennies, demeure confrontée, du moins dans la wilaya de M'sila, à une série de contraintes et d'insuffisances. Cette situation non enviable est matérialisée par l'absence de spécialistes au niveau des secteurs sanitaires et l'insuffisance de moyens au niveau des unités de dépistage et de suivi (UDS) installées dans les établissements scolaires et dont le nombre a atteint 40 à l'échelle de la wilaya. Cette carence de spécialistes au niveau des secteurs sanitaires est appréhendée par Salah Eddine Benia, médecin coordinateur de la santé scolaire de M'sila, comme un véritable casse-tête par le fait qu'elle ne nous permet pas de faire le suivi des maladies dépistées en milieu scolaire, notamment celles liées à la cardiologie et l'ophtalmologie. « L'indigence des élèves est telle qu'ils ne peuvent pas se payer une consultation chez un généraliste, comment peuvent-ils faire le suivi d'une pathologie cardiaque ou autre », s'est interrogé Mme Dilmi, médecin à l'UDS du lycée technicum de M'sila, qui regroupe 14 établissements pour un effectif libre de 1680 élèves. Angine à répétition, anémie carentielle et maladies ophtalmologiques sont dominantes dans cette UDS, nous explique Mme Dilmi. Le caractère récurrent, a-t-elle soutenu, est dû à la pauvreté de ces élèves, ce qui a fait que ces angines n'ont pas été traitées du tout ou mal traitées. Il en est de même pour l'anémie carentielle due à un problème de nutrition et d'alimentation, une maladie donc liée à leur dénuement. Aux yeux de Mme Dilmi, la santé scolaire ne semble pas bénéficier de l'intérêt qui devrait être le sien, quand bien même elle œuvrerait à régler un problème de santé publique. Pour donner plus d'efficacité aux UDS, il va falloir les doter chacune d'un dentiste, d'un psychologue, d'un petit laboratoire pour les bilans d'urgence des diabétiques, car, faut-il le souligner, les maladies du diabète sont en nette évolution en milieu scolaire, et il a été enregistré une progression durant les trois dernières années scolaires. 48 cas en 2001-2002, 63 en 2002-2003, 74 en 2003-2004 et 52 pour le seul semestre de l'année en cours, lit-on dans le rapport de la DSP de la wilaya de M'sila. Il est également relevé dans ce rapport que les cas de troubles psychologiques dépistés ont augmenté durant ces trois dernières années, passant de 174, en 2001-2002, à 218, en 2002-2003, pour atteindre 251 cas en 2003-2004 et 159 durant le premier semestre 2004-2005. Les pathologies cardiaques dépistées durant les trois dernières années demeurant importantes ont connu un certain fléchissement, passant de 2341 cas en 2001-2002 à 1446 en 2002-2003 pour atteindre 1168 en 2003-2004 et 1255 durant le premier semestre de l'année en cours. Pour la baisse de l'acuité visuelle, il a été dépisté au cours de ces trois dernières années un nombre de plus en plus important de cas, atteignant 2417 en 2001-2002, augmentant l'année d'après de 811 pour atteindre 3228 en 2002-2003 et diminuant de 153 atteignant 3075 en 2003-2004. Pour cette maladie, le nombre enregistré durant le premier semestre de l'année en cours demeure important avec 2791 cas. Les caries dentaires sont dévastatrices en milieu scolaire puisqu'elles affectent un grand nombre d'élèves. Il a été dépisté en 2001-2002 24 668 cas, en 2002-2003, 20 730 et 18 139 pour l'année scolaire 2003-2004. L'asthme prend de plus en plus d'ampleur au sein de cette population juvénile, dont le nombre dépisté au cours de ces trois dernières années de référence a oscillé entre 113 cas en 2001-2002 et 120 en 2003-2004, avec un pic en 2002-2003, atteignant 125 cas d'asthme. Cette prolifération de l'asthme en milieu scolaire laisse supposer que la salubrité des locaux et des dépendances des établissements laisse à désirer, et le cas de l'école primaire Herizi Ferhat de M'sila est édifiant à plus d'un titre, l'entretien des locaux ne s'est effectué qu'après protestation et arrêt de travail des enseignants.