La question du Sahara-Occidental occupe toujours le devant de l'actualité internationale, et même bien plus qu'auparavant avec la série de manifestations contre l'occupant marocain et le black-out imposé par l'occupant marocain qui a été jusqu'à refuser l'accès de ce territoire aux médias et responsables espagnols notamment. C'est dans ce contexte qu'est intervenue la brève tournée du secrétaire espagnol aux Affaires étrangères, M. Bernardino Léon Gros, à Alger d'abord, et à Tindouf ensuite, où il effectuait son troisième périple depuis qu'il occupe cette fonction, soit depuis le retour des socialistes au pouvoir en Espagne en mars 2003. Les autorités espagnoles ont certainement très mal pris le fait que l'occupant marocain ait fermé l'accès du territoire qu'il occupe, ce qu'il faut expliquer à une opinion espagnole particulièrement attentive à la situation faite au peuple sahraoui envers lequel, au demeurant, elle affiche une solidarité sans faille. Dès son arrivée à Alger, l'émissaire espagnol est allé droit au but en déclarant que « l'Algérie et l'Espagne ont des objectifs pour lesquels elles doivent travailler ensemble ». Mais il a été plus précis en soulignant que les deux pays ont « une préoccupation commune concernant notamment la stabilité du Maghreb arabe ». Le mot est lâché avant même qu'il ne soit reçu par le ministre des Affaires étrangères, M. Mohamed Bedjaoui, et le ministre chargé de la Coopération et des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel. C'est beaucoup plus un constat qui n'est pas nouveau en fait. Selon la formule consacrée, les deux parties ont examiné l'état des relations bilatérales ainsi que les questions régionales et internationales d'intérêt commun. A l'issue de ces deux rencontres, M. Léon a indiqué que « l'Algérie est un partenaire prioritaire pour l'Espagne ». Il a ajouté dans ce contexte que l'entrevue a porté sur « le renforcement des relations bilatérales caractérisées notamment par les différentes rencontres entre responsables des deux pays ». Le responsable espagnol a indiqué, par ailleurs, avoir échangé avec M. Bedjaoui « les idées sur la situation de crise et de violence qui sévit au Sahara-Occidental ». Le secrétaire espagnol aux Affaires étrangères a souligné que « cette situation est préoccupante pour les gouvernements des deux pays », appelant à « trouver une solution politique au conflit qui oppose le Front Polisario au Maroc ». De ce point de vue, le responsable espagnol a réitéré la position de son gouvernement à l'égard de ce conflit dans lequel l'Espagne a une responsabilité historique pour avoir cédé un territoire qui ne lui appartient pas et, d'ailleurs, l'ONU refuse de reconnaître au Maroc le statut de puissance administrante, ne lui accordant que celui d'occupant. A ce sujet, l'Espagne, qui déclare appuyer les efforts de l'organisation internationale, privilégie dans le même temps une solution politique sans dire laquelle. Des efforts ont été déployés en ce sens dès la fin des années 1990 pour établir la faisabilité de cette proposition, mais elle s'est avérée inopérante, puisque le Maroc refuse toute solution autre que celle qui entérinerait son occupation du Sahara-Occidental. On se rappelle que peu de temps après leur accession au pouvoir, les socialistes entendaient faire des suggestions en vue, semble-t-il, de sortir de l'impasse, mais leur proposition n'a pas eu l'écho escompté, et Alger avait alors fait savoir que les Sahraouis avaient leurs propres représentants et que les autorités algériennes n'entendaient pas se substituer à eux. Mais cette fois, la position de l'Espagne est plutôt inconfortable, surtout depuis le succès de la tournée dans ce pays du secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, en février dernier. Le Sénat espagnol a, dans le sillage de cette visite, voté une résolution soutenant de manière ferme le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Et il est difficile au gouvernement de M. José Luis Zapatero de se placer en deçà de ce cadre. Outre cette limite, des Espagnols de milieux politiques et médiatiques divers, des faiseurs d'opinion comme ils sont qualifiés généralement, ont été interdits d'accès au Sahara-Occidental. Après avoir passé quelques heures à Alger, le responsable espagnol s'est envolé pour Tindouf afin de s'entretenir avec les dirigeants sahraouis. Une source sahraouie a d'ailleurs soutenu que cette visite intervient « au milieu de la tension qui règne dans les territoires occupés du Sahara-Occidental, suscitée par la répression féroce de manifestants pacifiques sahraouis réclamant le respect des droits humains, la libération des prisonniers politiques et l'organisation du référendum » d'autodétermination. La dernière visite de M. Bernardino Léon dans les camps de réfugiés sahraouis a eu lieu en août 2004, cinq mois après l'accession des socialistes au pouvoir en Espagne, rappelle la même source, qui précise que le responsable espagnol avait alors affirmé que « l'unique plan, c'est le plan Baker ». M. Léon faisait référence au plan élaboré par M. James Baker, ancien envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU. Le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU situe les blocages avec netteté. Un peuple est en danger.