Les récentes manifestations des Sahraouis ont franchi cette fois le black-out habituel imposé par l'occupant marocain au conflit du Sahara-Occidental. Les Sahraouis ne sont pas les seuls à en parler au point de ne pas être entendus. Des sources nombreuses et indépendantes ont rapporté cette réalité avec divers détails qui permettent d'appréhender cette situation dans tous ses contours. Il y a un peuple et, en face, une force d'occupation avec son armée, son administration et ses colons. Exactement comme décrit dans les différents plans de l'ONU, qui demandent, par voie de conséquence, leur rapatriement, leur neutralisation ou leur cantonnement pour pouvoir tenir un référendum d'autodétermination libre, crédible et transparent. On n'en est pas encore là, car le Maroc s'obstine à refuser cette perspective qu'il avait pourtant acceptée en signant avec le Front Polisario le fameux plan de paix de l'ONU, plus connu sous le nom de Résolution 690. Et c'est là justement que réside la réponse à de nombreuses questions. Recours à la force Le Maroc la connaissait pour avoir refusé dès 1991 d'aller vers un référendum étant sûr que les Sahraouis allaient voter en faveur de leur indépendance. Driss Basri, l'ancien ministre marocain de l'Intérieur, a été limogé pour avoir échoué sur cette question, soit faire des Sahraouis de bons sujets de sa majesté. Son remplaçant a été quant à lui rattrapé par la réalité, marquée par un fort sentiment nationaliste qui fait du Front Polisario une force dominante dans les territoires occupés. Et les Marocains ont voulu surmonter leur échec par le recours systématique à la force, une force brutale et aveugle. Et c'est pourquoi, maintenant que la réalité est apparue dans toute son étendue, qu'elle laisse place à une forte inquiétude, exprimée avec force par la direction sahraouie. En effet, le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Salem Ould Salek, a appelé hier les Nations unies à « intervenir d'urgence pour protéger les civils sahraouis dans les territoires occupés » du Sahara-Occidental. M. Ould Salek a qualifié de « critique » la situation au Sahara-Occidental, après la « répression féroce des forces d'occupation marocaines » contre des manifestants sahraouis dans les villes occupées, notamment El Ayoun, la semaine dernière. L'ONU et le Conseil de sécurité « doivent intervenir rapidement pour mettre un terme aux pratiques répressives des autorités marocaines contre les citoyens sahraouis sans défense, à la lumière des derniers développements sur le terrain et les conséquences désastreuses qui peuvent en découler », a-t-il soutenu. M. Ould Salek a affirmé que « la férocité de la répression a été telle qu'elle a engendré jusqu'à présent des dizaines de blessés, d'arrestations et de disparus à El Ayoun, Dakhla, Smara » et « au sein de la diaspora sahraouie dans les universités marocaines de Rabat, d'Agadir, de Marrakech et de Casablanca ». Les médias, des Témoins gênants Il a en outre « déploré que le gouvernement marocain continue à refuser aux médias étrangers et aux observateurs l'accès du territoire (du Sahara-Occidental), soumis au blocus depuis son occupation militaire en 1975 ». Ces manifestations, rappelle-t-on, ne sont pas les premières du genre, elles sont même devenues régulières malgré le poids de la répression marocaine. La Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara-Occidental (Minurso) en est le témoin, le seul en raison de l'interdiction d'accès aux territoires occupés à tout témoin gênant comme les médias. La mission onusienne avait même été accusée, il y a quelques années, de ne pas avoir protégé les manifestants, quand ceux-ci croyaient trouver refuge dans ses locaux à El Ayoun notamment, pour fuir la répression marocaine. Plus rien ni personne ne peut fuir cette réalité qui marque l'échec de la thèse de la « question nationale ».