Les discussions sur la dernière colonie en Afrique reprendront probablement ce mois-ci, c'est ce qu'a annoncé à Addis-Abeba devant le 14 sommet de l'UA, le SG de l'ONU. En soi, c'est un pied de nez au Maroc qui n'a pas trouvé mieux dans sa fuite en avant que de remettre au goût du jour ses accusations fallacieuses quant aux ingérences de l'Algérie. Les Sahraouis ont saisi la balle au vol pour rappeler depuis New york leur entière disponibilité à la reprise de ces négociations qui sont gelées depuis l'été 2007, à cause de la posture de l'occupant marocain qui persiste à ne vouloir envisager de sortie que dans la marocanité de ce territoire que l'Espagne lui a rétrocédé en 1975. L'annonce de Ban Ki-moon depuis Addis-Abeba où il assistait au quatorzième sommet de l'Union africaine, signifie que les choses ont bougé et que le Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas l'intention de se satisfaire du statu quo et encore moins, croit-on savoir, de continuer à adopter à répétition des résolutions prolongeant indéfiniment le mandat de la Minurso dont le dernier arrive à son terme. La mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental créée par la résolution 690 en date du 29 avril 1991, dont une des missions est de veiller à la libération de tous les prisonniers et détenus politiques sahraouis, verra son mandat expirer dans moins de trois mois, soit le 30 avril 2010. L'ONU devra donc, d'ici cette date, trouver une autre formule et au Conseil de sécurité de nombreuses voix se sont élevées pour ne plus reconduire des résolutions sans lendemain. Le Maroc a été “averti” lors de la réunion informelle qui s'est tenue au mois d'août 2009 en Autriche, après une tournée au Maghreb du nouvel envoyé spécial de Ban Ki-moon au Sahara occidental. Christopher Ross devait, par ailleurs, jugé cette réunion plutôt “prometteuse”, bien quelle n'ait pas suscité de suites. Par la suite, le Maroc enfoncé dans ses fuites en avant, devait faire parler de lui avec une succession d'événements qui ont de manière spectaculaire porté atteinte à la liberté des droits de l'homme. Des militants sahraouis ont été harcelés, arrêtés et emprisonnés, dont sept de retour d'une visite dans les camps de réfugiés de Tindouf, jeté en prison en octobre 2009. L'affaire Aminatou Haïder, la pasionaria, la Ghandi sahraouie, remis en place la question du Sahara occidental, notamment en Occident où les chefs d'Etat sont plutôt conciliants avec l'establishment marocain. Aminatou qui fut expulsée le 13 novembre 2009 vers l'île de Lanzarote aux Canaries et qui n'a pu rentrer chez elle à El-Ayoune qu'après une grève de la faim de 32 jours, avait entraîné une solidarité sans précédent de la part de l'ensemble de la communauté internationale. Les plaintes de Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du Front Polisario et président de la RASD, se sont révélées fondées pour tous ceux qui ne voulaient pas voir la réalité des atteintes répétées à la liberté des droits humains dans les territoires occupées du Sahara occidental. Dans son dernier appel à Ban Ki-moon, Mohamed abdelaziz a écrit : “Les citoyens sahraouis dans les territoires occupés du Sahara occidental, au sud du Maroc et dans les universités marocaines, vivent dans des conditions caractérisées par la radicalisation de la répression sauvage, la terreur, les procès iniques et le black-out sécuritaire imposés aux observateurs et médias internationaux.” Le chef de l'Etat sahraoui n'a pas, malgré tout, fermé les portes du dialogue. Le Front Polisario veut encore croire aux négociations, et le président de la RASD n'a pas renoncé à “coopérer pleinement” avec l'ONU et aux efforts déployés par Christopher Ross en vue d'une vraie reprise des négociations directes avec le Royaume marocain. La question est : aujourd'hui, la communauté internationale est-elle en mesure d'obtenir la tenue d'un référendum qui garantirait au peuple sahraoui de se prononcer en faveur de son indépendance ? Le Conseil de sécurité consentira-t-il à déjouer l'obstruction et l'intransigeance des autorités marocaines, dont la politique coloniale expansionniste, continue d'alimenter l'état de tension et d'instabilité dans la région, y compris au Sahel ? La question du Sahara occidental n'a que trop duré, 35 ans ! Le temps presse et les regards sont dirigés vers le cinquième round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc. “Christopher Ross se trouve en contact avec toutes les parties dans la région depuis sa nomination et a enregistré des progrès dans ce sens. Maintenant, il tente de convoquer les parties pour une cinquième série de négociations”, a fait savoir Ban Ki-moon dans une interview accordée à l'agence de presse espagnole EFE.