Le nouveau concept de « pêche responsable » introduit dans le contexte de la mondialisation invite le monde de la pêche dans notre pays à une gestion intelligente des ressources halieutiques et à un meilleur rendement de l'activité de la pêche. D'où la nécessité ressentie de mettre à jour et perfectionner les outils de travail.Dans le programme du ministère de la Pêche, 7500 agents spécialisés dans la pêche et 4500 autres dans la réparation et l'utilisation du matériel de la pêche (sonar...) devront être formés dans l'avenir. En attendant, le ministère de tutelle, en collaboration avec les chambres de la pêche et le service hydrographique de la marine nationale, a mis au point cette année une nouvelle carte marine dont la richesse informationnelle est soulignée comme étant un « trésor professionnel ». Et ainsi, l'ancienne carte dite Thalassa, du nom du bateau océanographique français avec lequel a été menée l'étude en 1982, est mise au placard. Cette nouvelle carte marine, un jeu de 7 cartes en fait à mettre à la disposition des pêcheurs moyennant un prix non encore fixé, est élaborée sur la base d'une étude faite par des professionnels espagnols. Le bateau océanograpique espagnol Vizconde avait sillonné les côtes algériennes lors de deux campagnes en 2003 et 2004 avant de livrer les conclusions de l'étude. La carte offre des coordonnées géographiques précieuses et indispensables pour toute navigation professionnelle ou même de plaisance comme elle a apporté des corrections sur la bathymétrie (mesure de la profondeur marine) et mis en évidence un relief marin corrigé. C'est en substance ce qu'ont eu à découvrir les professionnels de la pêche dont certains regrettent toutefois que les experts espagnols n'aient pas pu mentionner suffisamment de traits de pêche. C'est du moins la seule insuffisance soulignée à Béjaïa par des professionnels de la pêche conviés récemment à une journée d'étude, séance d'explication de deux heures initiée au niveau de l'école technique de formation et d'instruction maritimes par la chambre nationale de la pêche et de l'aquaculture dans l'objectif de vulgariser cette nouvelle carte marine. Pour la baie de Béjaïa, le document fait ressortir trois traits de pêche. En termes plus simples, il s'agit d'espaces le long desquels les pêcheurs ont la possibilité de racler avec leurs filets. D'autres rencontres de vulgarisation devront avoir lieu un peu partout dans les wilayas côtières. A Béjaïa, une quarantaine de présents à peine, entre pêcheurs et armateurs dont les représentants de Tizi Ouzou ont assisté à l'exposé du représentant du ministère de la Pêche, M. Bekri Meziane. Le conférencier insistera sur l'intérêt de cette nouvelle carte en ce qu'elle permet de localisation des lieux de pêche, d'éviter les avaries pour le train de pêche, et mettra l'accent sur « son impact positif sur l'environnement marin » du fait de l'interdiction d'exploitation pour les navires de plus de 90 tonneaux à l'intérieur des 6000 m. Les pêcheurs se plaignent d'une zone de pêche accidentée dans la baie béjaouie, d'où un chalutage dans les 100 m de profondeur en moyenne. Une moyenne qui atteint dans certaines zones côtières d'autres wilayas plus de 1000 m. Du cap Bougaraouni à Jijel jusqu'à Azeffoune, la côte présente la particularité d'un plateau continental réduit et accidenté et cette contrainte est d'autant plus ressentie qu'à Béjaïa où on enregistre le vieillissement de la flottille. 3000 tonnes de poissons sont pêchées en moyenne, soit 3% de la production nationale. La carte marine indique des points de cale (lieux de pêche) dans la baie de Béjaïa avec des indices d'abondance actualisés. Une moyenne de rendement qui varie entre 187 kg à l'Est et 21 kg/heure en allant vers l'Ouest. Quatre points de cale où l'on peut pêcher sept variétés de poissons (saurel, mafroun, rouget, merlu, anchois, poulpe et sardine). Toutefois, le taux d'exploitation reste encore faible par rapport à un stock pêchable, beaucoup plus important. Neuf chalutiers sont opérationnels pour une population de la pêche active de près de 500 éléments, alors que le fichier officiel en ressort, quant à lui, le double. Un fichier qu'il faudra actualiser. Depuis fin avril dernier, pour rappel, la pêche au chalut est fermée pour quatre mois, conformément à la réglementation appliquée pour toute la flottille de la zone côtière de Ghazaouet à El Kala, exerçant au-deçà de 3000 nautiques. une interdiction qui coïncide avec la période du frai pendant laquelle se reproduit le poisson. Et à propos d'interdiction, l'administration a subordonné toute transformation sur navire de pêche à son autorisation. Les côtes algériennes renferment une richesse halieutique que les spécialistes confirment non sans exprimer le regret que l'exploitation reste maigre. Le poisson vieillit donc sous l'eau, faute de pouvoir le pêcher.