La France vient de prendre un nouveau tournant dans la gestion de l'immigration. Le nouveau Premier ministre et son ministre de l'Intérieur se sont mis d'accord pour privilégier la politique des quotas, une immigration de travail à une immigration familiale. Finis les grands discours et les envolées lyriques, place à la politique. A droite toute. Au lendemain de sa déclaration devant les députés, le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a rejoint son ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, sur la gestion de l'immigration. Les objectifs sont simples : instaurer la politique des quotas et augmenter de 50% les reconduites à la frontière. Les deux hommes, longtemps divisés par ce sujet, ont fini par avoir la même vision, même si tous les deux ont évité les mots qui fâchent. Sans prononcer le mot « quotas », le ministre de l'Intérieur a réclamé lors d'une convention de l'UMP sur l'immigration le droit pour le gouvernement et le Parlement de choisir les immigrés « catégorie par catégorie ». « Il faut reconnaître au gouvernement et au Parlement le droit de fixer chaque année, catégorie par catégorie, le nombre des personnes admises à s'installer sur notre territoire. Il faut choisir les flux migratoires et non pas les subir. D'autres pays l'ont fait, comme la Grande-Bretagne, le Canada, la Suisse. Je ne crois pas au fatalisme de l'immigration », a lancé Nicolas Sarkozy aux députés de droite. Selon le président de l'UMP, moins de 5% des immigrés venaient actuellement en France « pour répondre à des besoins précis de l'économie » tout en « pesant sur le marché du travail ». En clair, la France va privilégier une immigration de travail à une immigration familiale. Diplôme ou la porte Les associations de défense des immigrés ont tout de suite critiqué cette politique utilitaire et policière de l'immigration. « C'est irréaliste, cela ne correspond pas à la complexité des mouvements migratoires, des liens entre la France et les pays d'origine des migrants. Les propos de Nicolas Sarkozy sont politiques, trop simplistes. On verra concrètement les mesures. On sait que ces questions sont compliquées, ceux qui ont des solutions toutes faites sont irréalistes », note Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade (service oecuménique d'entraide). Pour Patrick Weil, sociologue, « s'il s'agit de limiter le regroupement familial ou le nombre de réfugiés, ce sera considéré comme anticonstitutionnel, car cela porte atteinte aux droits individuels. S'il s'agit des travailleurs, c'est contre-productif. Le ministre a cité le système de points canadiens. Ce système n'est pas adapté en France. Le Canada fait venir des gens qui n'ont pas de travail, mais un certain nombre de qualifications. Le résultat, c'est que des médecins sont aujourd'hui chauffeurs de taxi ». Les associations ne sont pas toujours convaincues de l'efficacité de toute cette politique migratoire.