A l'approche de chaque élection, le débat sur l'immigration revient sur le devant de la scène. Cette fois-ci, c'est Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP, qui a créé une vive polémique en proposant l'instauration d'un système de quotas, afin de privilégier, selon lui, une immigration « choisie » à l'immigration « subie ». « Nous nous trouvons dans cette situation où nous subissons une immigration incontrôlable, parce que nous refusons de revendiquer une immigration qui serait voulue et assumée. La question des quotas, c'est-à-dire une immigration choisie au lieu d'une immigration subie, doit faire l'objet de débats approfondis, sans exclusive et sans tabou. Je n'observe pas que cette question ait transformé d'autres grandes démocraties en dictatures », fait remarquer l'ancien ministre de l'Economie. Il révèle aussi que la France n'accueille pas assez d'étudiants étrangers et demande aux universités d'ouvrir largement leurs portes. Il observe que « de grandes démocraties ouvrent largement les portes de leurs universités aux étudiants étrangers qui deviennent les meilleurs de leurs étudiants avant de devenir des nationaux parfaitement intégrés. A l'inverse, nous n'avons pas assez d'étudiants étrangers, ce qui finira par poser un grave problème pour la diffusion de notre culture et la promotion de notre langue ». Les premières critiques n'ont pas tardé à fuser dans ses propres rangs. Le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, très proche du président Jacques Chirac, a été le premier à dégainer pour pourfendre les propositions de Nicolas Sarkozy. Le patron de la place Beauvau souligne que la logique de quotas par nationalité « ne correspond pas à notre tradition républicaine ». Il souhaite adapter la durée des titres de séjour aux besoins de la France, « c'est-à-dire que l'immigré n'aura plus forcément vocation à s'intégrer mais, viendra pour une période limitée en France ». Les deux hommes se rejoignent sur le diagnostic : toutes les politiques d'immigration ont échoué et il faut trouver donc une nouvelle formule. Ils sont aussi d'accord sur la création d'un véritable service central de l'immigration, regroupant l'ensemble des services de l'Etat en charge de cette question. Les associations ont accueilli, avec beaucoup de scepticisme, le discours de Nicolas Sarkozy. Le Gisti comme le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) sont fermement contre l'idée de quotas, qui relève d'une « conception utilitariste du migrant ». « Il y aura toujours autant de passages de frontière de clandestins, ceux qui ne seront pas » choisis « viendront de toute façon », note le Gisti. « Aller faire son marché dans les pays du tiers-monde n'est pas la meilleure façon de respecter les droits des peuples », souligne Mouloud Aounit, secrétaire général du MRAP. Le nouveau secrétaire général de la Cimade, Michel Forst, se prononce à titre personnel en faveur des quotas : « Je suis de ceux qui pensent qu'on ne peut pas avoir de position radicale sur l'ouverture ou la fermeture des frontières, et on ne peut fermer les yeux sur les besoins de la France en travailleurs migrants ». Le débat fait rage au sein de son association, partagée entre les quotas et sur la pertinence à continuer de défendre l'ouverture des frontières et la libre circulation, ainsi que sur une politique d'immigration « maîtrisée ». Le débat n'est pas près d'être clos.