La wilaya de Tizi Ouzou a reçu la semaine dernière la visite d'une délégation d'une dizaine d'hommes d'affaires français, membres du club d'affaires Atlantique Vendée Maghreb des pays de la Loire, sur invitation de la chambre du commerce et de l'industrie du Djurdjura. Cette visite faite à l'occasion de la présence des industriels hexagonaux à la 38e foire internationale d'Alger « est l'aboutissement d'un long travail débuté il y a plusieurs années », note le président de la CCID, M. Medjkouh, dans son allocution d'ouverture de la séance de travail sur les opportunités de partenariat, tenue à l'hôtel Lala Khedidja et en présence de nombreux opérateurs locaux. Logique de réseau Le président de la délégation affirme d'emblée qu'« il est important d'utiliser les relais et les liens existant entre les deux régions ». Le représentant de la chambre des métiers et de l'artisanat vendéenne préconise de « fonctionner dans une logique de réseau », précisant que « des projets sont envisagés sur la côte kabyle et toucheront le développement de la pêche artisanale ». Le représentant de la confédération générale des PME dira : « Je suis intéressé par la formation des formateurs dans le domaine du transport de voyageurs et de marchandises ». Un autre homme d'affaires évoque « le créneau de la métallurgie en rapport avec l'agroalimentaire, la volaille, le bœuf, le poisson ». Ainsi, il est préconisé l'adaptation de la filière industrielle à la grande distribution en Algérie, par l'accompagnement de projets et de la formation. Le représentant de la CGPME déplore « l'existence de contraintes administratives pour l'installation en Algérie ». « La relation industrielle d'affaires nous a été interdite durant la décennie écoulée », renchérit un autre patron, ajoutant : « On nous interdisait de faire toute démarche et nous étions sans couverture risque de la COFACE. » Aléas politiques Un entrepreneur propriétaire d'une fabrique de crèmes glacées parle de son expérience et des aléas de l'entreprenariat en Algérie : « L'on se demande pourquoi traiter avec des partenaires italiens ou danois et non pas avec des Français. Cela est dû à la situation ayant prévalu dans les années 1990. Les problèmes politiques hypothèquent le travail économique. Par ailleurs, des écueils institutionnels persistent encore. Le partenariat ne se décrète pas mais se construit. »L'investisseur pense que « la partie française a été trop rigide en matière de financement et de partenariat ce qui nous a fait stagner », précisant que « le secteur de la crème glacée est très jeune et la demande est en progression, y compris des produits laitiers. Des possibilités de partenariat existent toujours concernant le processus de fabrication, les consommables et l'équipement ». Pour l'orateur, « par le partenariat, la partie étrangère prend en charge l'équipement et le savoir-faire alors que celle locale s'occupe de la réalisation ». Tous les intervenants ont déploré « les difficultés d'obtenir le visa d'affaires ou de formation des techniciens ». Le président de l'Union nationale des transporteurs de voyageurs et de marchandises suggère aux Français d'investir dans la formation des transporteurs de produits dangereux « car cela ne se fait nullement en Algérie ». Parlant du réseau autoroutier national, ce professionnel du transport dit : « Nos autoroutes ne sont pas dotées de zone de repos ni de refuge pour les routiers et l'état du bitumage n'est pas bon. » Le regain d'intérêt des investisseurs étrangers, notamment des Chinois, des Turcs et des Italiens, pour la wilaya de Tizi Ouzou, a été souligné par le directeur de la SOGI (ex-office de promotion de l'investissement). Parlant du jumelage de l'APC de Tizi Ouzou, le P/APC, Aït Ahmed Cherif rappelle : « Jusque-là, nos rapports ont souffert de pesanteurs et lourdeurs institutionnelles. Mais avec la volonté des élus, nous devons aller vers des rapports économiques. » L'intérêt est porté, au niveau local, sur l'apport de l'expérience vendéenne en matière de « mode de financement de projets locaux, d'autant plus que les codes communal et de wilaya ne cadrent plus avec les besoins des collectivités, des citoyens, des opérateurs et surtout des partenaires pour dépasser les échanges folkloriques ».