Le projet de loi relative à l'eau a été adopté hier à l'Assemblée nationale populaire (APN) par la majorité écrasante des députés. Les représentants du Parti des travailleurs (PT) ont voté contre, alors que ceux du parti de Abdallah Djaballah, El Islah, se sont abstenus. Quelque 125 amendements avaient été introduits par les groupes parlementaires, dont une cinquantaine par le PT. La formation présidée par Louiza Hanoune a été la seule voix discordante à s'exprimer dans l'hémicycle. D'après les élus issus de ce parti, cette loi est dangereuse, car elle consacre le désengagement de l'Etat vis-à-vis des citoyens. Djoudi Djelloul, chef du groupe parlementaire du PT, est revenu à la charge à plusieurs reprises pour mettre en garde contre les conséquences que pourrait avoir le mode de gestion déléguée, qui n'est pour lui qu'une privatisation pure et simple. Les députés du PT n'ont pas manqué, à chaque fois que l'occasion leur était donnée d'intervenir, de tirer à boulets rouges sur le groupe Suez, avec lequel les autorités sont en négociations pour aboutir à la signature d'un contrat de la gestion déléguée des réseaux d'alimentation d'eau potable et d'assainissement dans la capitale, Alger. Ils ont rappelé les expériences non concluantes de cette multinationale, notamment en Bolivie et à Atlanta (Etats-Unis), où les pouvoirs publics ont résilié les contrats de partenariat après de vives protestations de la société civile. L'un des représentants du PT, visiblement dépité par le fait qu'une grande partie des députés s'opposaient aux amendements apportés par son parti, présageant sur l'issue du vote, a tout bonnement présenté ses « félicitations au groupe Suez ». Amar Takdjoute, du même parti, a signalé, pour sa part, que même en France, pays d'origine de la firme en question, les autorités se sont abstenues de confier une gestion totale à ce groupe. Il a insisté sur la nécessité de maintenir le service public dans le secteur. A la fin du vote, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, s'est contenté d'affirmer que « la présente loi va moderniser le secteur et nous allons veiller pour qu'elle soit appliquée avec fermeté ». Le ministre a, sans doute, estimé s'être déjà expliqué sur le sujet. Il avait, en effet, assuré, dans ses précédentes déclarations, qu'il ne s'agissait nullement d'une privatisation, mais seulement d'un transfert de savoir-faire et de technologie. Il avait, également, souligné que le partenaire n'interviendra pas dans les prix. Il convient de signaler que l'Assemblée était à moitié vide lors de cette séance. La veille, le vote avait été reporté faute de quorum en raison du taux d'absentéisme élevé des élus du peuple. Il n'y avait, en effet, que 178 députés à avoir fait acte de présence, alors que la procédure en exige 195.