L'un des points chauds de la visite du ministre de la Santé, ce jeudi, était le CHU, dernière étape de la tournée d'inspection effectuée pendant deux jours au secteur de la santé d'oran. En effet, une visite qui a duré plus d'une heure et demie et où le constat et les critiques étaient des plus durs. Le ministre de la Santé ne s'est pas retenu de qualifier le CHU d'Oran de tous les maux. « Le CHU d'Oran donne le mauvais exemple sur tout : la mauvaise gestion, la mauvaise prise en charge et le laisser-aller », fait remarquer Amar Tou, avant de poursuivre : « J'ai reçu beaucoup de lettres anonymes dénonçant ce qui arrive ici. Je suis donc venu pour faire mon propre constat. » État des lieux alarmant Le constat n'était pas de toute réjouissance puisque les mots les plus sévères semblaient en deçà de la réalité pour le ministre qui n'a pas ménagé l'encadrement médical et administratif du CHUO. Un changement soudain des services à visiter a conduit le ministre aux services des urgences de la chirurgie infantile et la maternité, alors que ceux de l'urologie et de réanimation pédiatrique étaient au programme. « C'est scandaleux de pouvoir se taire sur un tel laisser-aller. Il n'est pas normal qu'une telle situation puisse exister et durer de la sorte », relève-t-il. Des enfants alités à même le sol, une structure délabrée, l'hygiène lamentable et des conditions de fonctionnement dérisoires. C'est un bidonville ! », lancera Amar Tou. Au niveau de la maternité, le même cliché se répète et la même précarité des lieux. Notons que la maternité avait reçu, depuis quelques années, la somme de 1,5 milliards de centimes pour des travaux de réfection. Le service de médecine nucléaire fermé depuis une dizaine d'années et qui se trouve être l'objet d'un litige entre la direction du CHU et le médecin-chef du service de chirurgie infantile, sur son éventuel transfert en service d'urgence infantile, a également était visité. Amar Tou s'est interrogé sur l'intérêt de laisser des enfants pris en charge dans des conditions lamentables alors que la structure existe. « La solution n'est pas individuelle mais globale. Des décisions seront prises mais pas à chaud », précise-t-il. « Devant de telles situations, des décisions s'imposent pour reprendre les choses en main », ajoute-t-il avant d'affirmer en conclusion de sa tournée : « Nous allons tout faire pour améliorer et changer les choses et l'état du CHU. » Notons que le budget alloué au CHUO est le plus important à l'échelle nationale, avant même celui attribué au CHU Mustapha Bacha d'Alger, apprend-on auprès d'un responsable du ministère de tutelle. Un gouffre financier « Avancer le manque matériel et financier comme cause serait illusoire car pas moins de 300 milliards de cts sont attribués annuellement au fonctionnement du CHU. Pour l'exercice 2004, cet hôpital a reçu 350 milliards de cts dont 22 milliards ont été annulés car non consommés », selon notre interlocuteur. Et d'ajouter : « Au cours de ces deux dernières années, le budget a carrément doublé. C'est un gouffre d'argent, mais on ne voit aucun résultat », souligne-t-il L'EHU a aussi été visité par la délégation ministérielle. La situation a été, paraît-il, débloquée puisque la plus grande entrave empêchant la mise en fonctionnement du nouvel établissement hospitalier était l'appel d'offres du marché des équipements qui avait échoué à maintes reprises. Le marché a finalement était décroché par les sociétés SIEMENS et IPUATRO. Quant à l'ancien hôpital militaire d'Aïn El Turck, fermé depuis 6 mois, il sera prochainement rattaché au civil et très probablement au secteur sanitaire d'Aïn El Turck, selon une source du ministère.