L'investissement touristique ressuscite à Constantine à la faveur du projet ou des projets bientôt lancés par la société Sieha, fondée par le groupe Mehri et la chaîne française Accor. La toute dernière réunion du 24 mai dernier tenue au siège de l'APC a permis la signature des documents de concession et/ ou cession d'un terrain appartenant à la commune en vue de réaliser un ensemble hôtelier. Il faut noter qu'il ne s'agit plus de construire un hôtel Ibis, tel que prévu au départ, mais l'ensemble évoqué devra inclure un deuxième hôtel de plus ample envergure. L'appétit vient en mangeant, dit-on, mais, dans ce cas-là, nous ne sommes qu'au stade de conception. En tout cas, le projet est mis sur les rails et bénéficie d'une célérité dans la procédure qui va permettre de commencer les fondations dès l'automne prochain. Le premier hôtel de la catégorie deux étoiles sera donc érigé sur l'ex-square Panis ou Djennan Ezzaoualia sur une superficie de 6000 m2 concédée par la commune pour une période de 40 ans renouvelable à l'option du concessionnaire. Le bâtiment construit, selon un style moderne qui donne son identité à tous les hôtels Accor, sera probablement limité à sept ou huit niveaux afin de respecter le champ de vision, sachant que le terrain se trouve à l'intérieur du périmètre de sauvegarde de la vieille ville du Rocher en général. A l'occasion de cette réunion, les promoteurs ont montré leur volonté d'user autrement de leur terrain en avançant la possibilité de construire un deuxième hôtel d'une catégorie supérieure, probablement un Sofitel, sur le même site. Rien n'est encore officiel. Cependant déjà un autre choix est avancé pour réaliser ce deuxième hôtel sur le terrain dit chemin Lamoricière, situé en contrebas de la cité universitaire 2000 lits. Faut-il se réjouir ou pas de cette initiative qui devra changer immanquablement le visage du centre-ville de Constantine ? Il ne faut pas confondre a priori les besoins urgents de la ville en matière d'infrastructures hôtelière pour amorcer son sursaut touristique, avec le choix des sites qui risque parfois de provoquer des atteintes contre la mémoire par exemple. Les partisans du non puisent d'ailleurs leurs arguments dans ce champ et soutiennent que le sous-sol même du Rocher de Constantine renferme des vestiges de civilisations antérieures à ne pas violer. Une idée renforcée depuis le classement, il y a quelques semaines, de ce site comme monument national et soumet désormais toute opération de construction ou de démolition à des études et des autorisations préalables. En outre, la surcharge du centre-ville implique pour d'autres l'évacuation de tous projets sur d'autres sites et la délocalisation même d'un nombre d'administration pour alléger la pression devenue insoutenable sur ces lieux. Par ailleurs, les décideurs avancent tête baissée dans leurs idées et ne tiennent compte d'aucune de ces réserves, tout en soutenant devant la presse que l'hôtel ne nuit en rien à ces intérêts, posés à demi-mot tels que les besoins d'un tel projet qui sont au-dessus de ces considérations. Il n' y a pas eu de débat sur cette question et la polémique semble se tasser au moment où la procédure suit son chemin sur la voie rapide. Qu'à cela ne tienne, s'il est vrai que l'Ibis est tout bénéfice pour Constantine, il faudrait l'inscrire dans une vision globale qui révise la configuration du Rocher selon une projection futuriste, à l'image de ce qui se fait à Alger.