L'auteure de L'Amour, la fantasia, Assia Djebar, a été élue vendredi à l'Académie française. Elle est la première personnalité nord-africaine admise parmi les 40 « immortels ». Considérée comme la plus célèbre romancière algérienne de langue française, Assia Djebar prend la place laissée vacante par le juriste Georges Vedel, disparu en février 2002. Elle avait fait acte de candidature en avril. Elle a été élue au second tour. Sur 32 votants, elle a obtenu 16 voix contre 11 pour l'écrivain Dominique Fernandez. Il y a eu deux bulletins blancs et trois bulletins marqués d'une croix, signifiant le refus des candidats proposés. Née à Cherchell, à l'ouest d'Alger, Assia Djebar, de son vrai nom Fatima-Zohra Imalyène, avait déjà été la première femme algérienne à être admise à l'Ecole normale supérieure de Paris, en 1955. Pressentie pour le prix Nobel à maintes reprises, selon la rumeur, Assia Djebar est l'auteure de nombreux ouvrages (romans, essais, poésies, pièces de théâtre) et de plusieurs films parmi lesquels La Nouba des femmes du mont Chenoua, primé en 1979 au Festival de Venise. En 2000, elle avait décroché le Prix de la paix des libraires et éditeurs allemands. Très engagé dans l'émancipation de la femme algérienne et musulmane en général, l'enfant de Cherchell avait écrit son premier livre majeur, les Alouettes naïves, comme un hymne aux traditions ancestrales. Avec un regard d'anthropologue plein d'humanité. Les femmes du Chenoua sont les gardiennes de la tradition et les passerelles du futur. Docteur ès lettres, 69 ans le 4 août prochain, elle a enseigné le cinéma et la littérature en France et aux Etats-Unis. Elle a été nommée commandeur des arts et des lettres en 2001. Durant la décennie noire, Assia Djebar s'est attelée à démonter le silence et la haine avec des écrits d'une rare intensité. Oran, langue morte est une ode à la vie, au combat. Un livre pour refuser la fatalité. Assia Djebar entre donc par la grande porte à l'Académie française. La nationalité française n'est pas requise pour y entrer. L'écrivain américain Julien Green a fait partie des 40 « immortels ». C'est au tour de la combattante de la liberté et de l'égalité d'honorer l'épée.