Jeune ingénieur commercial, diplômé de l'Institut supérieur d'assurance et de gestion (INSAG), M. Benaïssa Billal est l'auteur d'un mémoire de fin d'études original , dont le thème porte sur la problématique du marketing et de la gestion des clubs sportifs. A travers cet entretien, il nous a fait part de son analyse et de ses conclusions quant aux méthodes de gestion comptable et financière ayant cours au sein des clubs de foot en Algérie. Vous avez réaliser un mémoire de fin d'études sur le thème du marketing sportif, en prenant comme cas d'espèce, la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK). Quelle est au juste la problématique posée à travers cette étude ? La problématique à laquelle est consacrée mon étude porte en substance sur les voies et moyens qui peuvent être à même d'induire une diversification des sources de financement des clubs sportifs en Algérie. Sur le plan financier, ces clubs continuent actuellement à dépendre pratiquement à raison de 80 à 90% des ressources provenant des sponsors, tandis que les subventions qui leur sont allouées par les collectivités locales représentent quelque 5 % de leur budget. En ce sens, la finalité de l'étude que j'ai réalisée est de cerner les possibilités que peuvent avoir les clubs sportifs pour pouvoir divesifier leur financement . Sur quelle logique de gestion les clubs de football doivent s'appuyer, selon vous, pour pouvoir développer une stratégie efficiente de diversification de leurs ressources ? L'une des voies proposées pour permettre aux clubs sportifs de diversifier leurs recettes est le développement de leurs propres marques. Il faut savoir en effet que les marques de clubs sportifs (JSK, MCA ...) restent jusque là inexploitées, car ces clubs sont encore amateurs et ont un statut d'association sportive à but non lucratif. Pour pouvoir exploiter leurs marques, ces clubs doivent nécessairement se transformer en entreprise à proprement parler. Il y a d'ailleurs une nouvelle loi qui a été initiée à cet effet et qui attend actuellement de passer par le parlement pour devenir effective. Cette loi devra permettre aux clubs sportifs de pouvoir passer du statut amateur au statut professionnel, ce qui leur offrira la possibilité de bien exploiter leurs marques. Comment analysez-vous les méthodes de gestion interne ayant actuellement cours au sein des clubs de football algériens ? Hormis la nécessité d'une réforme de leur statut juridique pour qu'ils puissent accéder au professionnalisme, les clubs sportifs doivent également se doter de conseils d'administration pour se transformer en de véritables entreprises, sous la forme de SPA ou de SARL. Ceci leur permettra de pouvoir s'ouvrir sur l'actionnariat privé, mais aussi de mieux rationaliser leur gestion interne. Dans l'état actuel des choses, il faut dire que les clubs sportifs en Algérie ne sont guère gérés en adéquation avec leurs besoins spécifiques. A chaque fin d'exercice, ils ont une comptabilité établie par des commissaires aux comptes et contrôlée par les services du ministère de la Jeunesse et des Sports. Mais, cette comptabilité reste d'ordre général et peu adéquate car les produits et les charges du club (charges fiscales et autres) n'y sont pas clairement définis. Qu'en est-il de la gestion du volet relatif au sponsoring ? Ce qu'il y a surtout lieu de relever en matière de sponsoring est que les grands clubs algériens souffrent d'un excès de sponsors et donc d'un excès de marques d'entreprises sur leurs maillots. Un club comme la JSK par exemple compte près d'une dizaine de sponsors. Or, un tel phénomène peut parfois s'avérer nuisible, étant donné que la marque propre du club fini par être complètement diluée parmi celles des sponsors figurant sur les maillots des joueurs. D'un autre point de vue, les clubs se doivent également d'essayer de réduire leur dépendance financière vis-à-vis du sponsoring car ceci leur donne une mauvaise image de " club business ". Les clubs de football en Algérie -du moins les plus grands- disposent-ils à votre avis de ressources financières trop importantes ? Les gens disent souvent que les clubs sportifs ont de grosses masses d'argent. Ceci est faux car si on les comparent avec les clubs de pays voisins tels la Tunisie et le Maroc, on constate que les clubs algériens sont loin d'être aussi riches qu'on le croit. Les ressources financières dont dispose un club algérien moyen représentent en effet à peine un dixième de celles d'un club comme l'Espérance de Tunis ou le Ahli du Caire, pour n'en citer que ceux là. Les clubs de football tirent-ils suffisamment de ressources sur les droits de télévision et les recettes du stade ? La part des ressources provenant des droits TV reste insignifiante. Elle représente à peine 2 à 5% des ressources du club, alors qu'en Europe, elle atteint près de 50%. Ceci s'explique en partie par le fait qu'en Algérie le monopole est détenu par une chaîne de télévision unique. Quant aux recettes du stade, ils sont partagés à part égale (50%) entre le club et l'APC et leur importance fluctue selon le nombre de spectateurs et suivant le degré d'importance de chaque match. A combien peuvent s'élever les budgets des grands clubs de foot et comment sont-ils soumis aux impôts ? Les méthodes de gestion au sein des clubs ne sont pas clairement définies. De ce fait, les chiffres exacts de leurs dépenses et de leurs ressources ne sont pas communiqués en toute transparence. Ceci étant, selon nos propres estimations, le budget annuel d'un club comme la JSK avoisinerait les 20 milliards de centimes. S'agissant du fisc, si l'on croit les dires de certains présidents, les clubs ne payent en tout et pour tout que l'impôt sur le revenu global (IRG).