Le projet de la raffinerie de pétrole occupe une place de choix dans le programme d'investissement de Sonatrach avec un financement total de 8 milliards. La raffinerie doit mobiliser, à elle seule, un peu moins de 40%, soit 3 milliards du budget d'investissement en partenariat avec une compagnie japonaise. Un projet de 3000 postes d'emploi directs et une capacité de production de 15 millions de tonnes/an rivalisant ainsi avec l'importante raffinerie de Skikda et dont la wilaya devra accueillir, dans le même programme, quatre projets de complexes intégrés qui sont déjà sur les tablettes des responsables de Sonatrach. Dans la politique d'investissement de la société, il est décidé que la nouvelle raffinerie est à implanter au centre du pays dont quatre wilayas ont été proposées pour ce qu'elles pourraient avoir comme conditions adéquates pour ce genre d'investissement. Terrain non urbanisable et non agricole, proximité du port, l'oléoduc et les chemins de fer,... Les conditions pour l'opération de prospection traduisent les exigences économiques d'aujourd'hui, émises dans le contexte de la mondialisation. Béjaïa, Bouira, Boumerdès et Tiaret sont en lice et chacune se propose de réunir les conditions exigées pour le projet. A Bouira, cinq sites ont été prospectés et proposés aux services concernés. La wilaya croit à ses chances autant que Boumerdès et Tiaret qui se proposent de dégager des terres improductives et de répondre au reste des conditions de Sonatrach. Bien que ne disposant pas d'un port, celles-ci pourraient présenter des dossiers de candidature soutenus à la force d'arguments économiques. Si dans le reste des wilayas candidates le sujet fait moins de bruit, à Béjaïa le « dossier raffinerie » prend de l'importance jusqu'à rassembler administration et élus de l'Assemblée populaire de wilaya autour de la même cause. Une fois n'est pas coutume, l'APW a jugé utile de soutenir le dossier des pouvoirs publics. Le vice-président de Sonatrach chargé du suivi du projet était tout récemment à Béjaïa où il a eu à s'entretenir avec le wali avant de se déplacer sur le site proposé par la wilaya dans la commune d'El Kseur. Un terrain de 300 ha qui longe l'oued Soummam traversé par une voie ferrée, avoisinant une zone industrielle et un oléoduc, et que dessert la RN 12. Une voie de communication, dont le trafic automobile est appelé à plus de fluidité avec le lancement programmé de l'autoroute Est-Ouest, qui raccourcira davantage le trajet vers et à partir du port pétrolier de Béjaïa. trafic non négligeable Le port enregistre un trafic hydrocarbures non négligeable en comparaison avec les deux autres ports pétroliers d'Arzew et de Skikda. En plus de 85 huiliers et 47 butaniers, 129 pétroliers ont fréquenté le port qui a traité durant l'exercice 2005 près de 9 millions de tonnes de produits pétroliers dont un peu moins de 500 000 t de produits pétroliers raffinés importés. C'est ce qu'apprend l'annuaire statistique de l'Entreprise portuaire de Béjaïa qui souligné qu'un peu plus de 8 millions de tonnes de pétrole brut et condensat ont été exportés, principalement vers les Etats-Unis. Le port de Béjaïa se dote d'une station de chargement d'hydrocarbures à 11 milles marins au large (16 km) avec l'implantation de pipes à 35 m de profondeur. Le tout donnera un appointement off-shore destiné aux grands pétroliers. Une infrastructure à valeur que l'administration de la wilaya avance comme élément prépondérant dans le dossier de candidature. De leur côté, les élus de l'APW se sont empressés d'assurer la nature « non urbanisable et non agricole » du terrain proposé pour le projet avant que ne tombe cette correspondance de l'Union nationale des paysans algériens qui émet les réserves sur le choix du terrain situé sur l'ex-DAS Salhi Hocine à El Kseur. L'UNPA-Béjaïa estime que la surface agricole utile (SAU), cultivable dans toute la vallée de la Soummam, est suffisamment faible pour permettre d'en grignoter encore des morceaux. Une partie est en tout cas d'ores et déjà appelée à s'offrir à des projets d'utilité publique, à l'exemple de l'autoroute Est-Ouest et à d'éventuelles installations de zones d'activités. « L'ex-DAS Salhi Hocine, d'une superficie de 278 ha est composée de 10 EAC et 49 EAI regroupant 103 exploitants (familles) qui vivent de l'exploitation des terres. Le voisinage immédiat, à savoir l'ex-DAS Ouarirou (12 EAC et 3 EAI regroupant 74 familles), la DAS Messaoudi (6 EAC et 15 EAI regroupant 72 familles) », écrit l'UNPA aux deux ministères de l'Agriculture et de l'Industrie et des Mines ainsi qu'au wali, au P/APW et aux services concernés de la wilaya pour leur dire son opposition à ce choix de terrain. En affichant sa détermination à défendre le patrimoine agricole, l'UNPA croit aussi voir dans l'implantation du projet une menace sur les réserves phréatiques situées le long de l'oued Soummam qui traverse toute la vallée. Elle suggère d'orienter la prospection vers le sud de la wilaya pendant que les pouvoirs publics et les élus APW restent convaincus du bon choix du site. Pendant ce temps, la raffinerie est légitimement convoitée ailleurs. Bouira, Boumerdès et Tiaret ont dû ou devraient recevoir, elles aussi, la visite des représentants de Sonatrach et chacune se doit de convaincre ses vis-à-vis avant la dernière sélection.