La troisième édition des rencontres cinématographiques de Béjaïa a été clôturée vendredi dernier par la projection de courtes fictions réalisées pendant les cinq journées qu'a duré la manifestation. Les Lettres filmées de jeunes stagiaires, tournées et montées dans le cadre de l'atelier de formation portant le même intitulé, ont été désarmantes d'ingénuité et de générosité. D'espoir surtout, puisque la démonstration a été donnée, finalement, que les rencontres du genre peuvent aider des jeunes à donner corps à leurs idées et à passer le seuil psychologique de la projection et de l'échange avec le public. C'est sans doute ici l'un des aspects les plus méritoires de la manifestation dont les promoteurs, les deux associations Project'Heurts et Kaïna Cinéma, ont dès le départ misé sur la formation et la constitution d'îlots de cinéphiles qui, chacun dans sa région, pourra œuvrer à promouvoir la culture cinématographique. Le mot sympathique d'une jeune représentante du ciné-club de Timimoun, qui s'est dite honorée d'avoir été conviée à participer aux rencontres, est sans doute à prendre comme le premier signe d'un mouvement d'ensemble, certes balbutiant pour le moment, qui pourrait demain tisser la trame de structures et de cadres d'activités qui donneront de l'envergure à ce genre de rendez-vous. Mais en attendant, Habiba Djahnine, présidente de l'association Kaïna Cinéma, a lancé un appel en direction des institutions de l'Etat notamment, pour voir les rencontres entourées de plus d'intérêt et de soutien. « On ne peut pas indéfiniment compter sur l'énergie et la motivation des bénévoles », dira-t-elle, en prenant exemple sur l'état de la salle de la cinémathèque, « l'une des plus belles salles du monde », juge-t-elle, mais qui reste dépourvue d'un minimum de commodités pour pouvoir accueillir les cinéphiles. Le même message est délivré par Nordine Hochiche, président de l'association Project'Heurts, qui voudrait voir éclore d'autres îlots de création pour pouvoir alimenter les rencontres. Globalement, les participants au rendez-vous se sont accordé à relever la bonne maîtrise de l'organisation, comparativement aux précédentes éditions, la qualité des débats, que l'on a parfois senti déséquilibrés par l'absence de la création nationale et enfin l'engouement renouvelé des jeunes surtout à se mettre aux métiers du cinéma.