La broncho-pneumopathie chronique obstructive ou la BPCO « est une pathologie invalidante, de lourdes conséquences mais qui reste et malgré la hausse enregistrée au cours de ses dernières années, sous-estimée et sous-diagnostiquée. Un état de fait qui aggrave encore plus son évolution vers les formes chroniques et graves. Ce qui peut être évité avec un diagnostic précoce et un traitement préventif » avance le Dr Terfani, pneumo-phtisiologue au CHU. La BPCO enregistre une évolution et une demande aussi importante que l'asthme, mais qui ne bénéficie pas du même égard, ajoute la praticienne. « La majorité des cas se présentent aux urgences dans un état très détérioré avec une grande détresse respiratoire pouvant mettre le pronostic vital en jeu. Des malades qui s'ignorent généralement et qui pensent que les symptômes qu'ils présentent sont du simple fait du tabac ou d'une simple bronchite. Ils laissent évoluer leur maladie jusqu'à atteindre le stade de l'insuffisance respiratoire aiguë » explique notre interlocutrice. Mis à part les nombreux cas admis aux urgences pulmonaires, une vingtaine de cas sont reçus chaque semaine en consultations. A souligner que la BPCO se caractérise par une limitation chronique des débits aériens, se manifestant par une insuffisance respiratoire et une obstruction des bronches. L'évolution au bout de 2 à 3 ans, si aucun traitement n'est entamé, peut aller vers une oxygéno-dépendance qui peut être mortelle « car le malade devient dépendant d'une administration régulière et répétée d'oxygène ». Le retentissement de la maladie sur la qualité de vie du malade est d'un impact très lourd notamment par l'absentéisme et l'incapacité à fournir le moindre effort physique. Le tabagisme est le premier incriminé et ce dans 90% des cas. Facteurs de risque Cette maladie qui malgré son importante progression reste négligée. Elle est placée par l'organisation mondiale de la santé comme étant la 5ème cause de mortalité parmi les sujets âgés de plus de 45 ans après les maladies cardiaques, le cancer et les AVC. En 2020, elle sera en 3ème position, selon les estimations de l'OMS qui met l'accent sur une augmentation de la mortalité liée à cette pathologie. « La BPCO doit être suspectée cliniquement chez les fumeurs ayant des symptômes tel que la toux, l'expectoration et la dyspnée. Le malade présente souvent un amaigrissement accentué par une hypotrophie musculaire et la fièvre » note le Dr Terfani. Le facteur de risque autre que le tabac est la pollution professionnelle. L'interrogatoire et l'examen clinique doivent être complétés par la mesure du souffle. « Un trouble est suspecté, si on note une diminution de plus de 20% de débit du souffle pulmonaire ». A préciser que la différence entre la BPCO et l'asthme fait que ce dernier a un début des symptômes dans le jeune âge et une variation fréquente des symptômes qui surviennent même la nuit. Une prise en charge incorrecte et déficiente et une méconnaissance de la maladie ont poussé la société de pneumologie à mettre en place un guide qui sera destiné et mis à la disposition des praticiens et professionnels de la santé dans les prochains mois. « L'arrêt du tabac, la lutte contre la pollution notamment professionnelle, le traitement broncho-dilatateur doivent êtres proposés précocement afin d'éviter une aggravation de la pathologie. Aussi un dépistage précoce s'impose afin de la détecter et de commencer un traitement à un stade précoce » conclut notre interlocutrice.