Nous avons tout ce qu'il faut pour démarrer, mais ça bloque quelque part », a affirmé un chef d'entreprise interrogé sur le retard dans le lancement des travaux de réalisation de plus de 14 000 logements dans la wilaya de Annaba. Prévue dans le cadre du programme présidentiel quinquennal d'un million de logements, cette réalisation porte sur 4000 logements locatifs (OPGI), 5000 en social participatif et 5000 autres de type rural. Si, sur le plan théorique, tout est prêt, il n'en est pas de même dans la pratique, avec notamment les lourdeurs administratives auxquelles sont confrontées les entreprises du bâtiment. Les entrepreneurs ont récemment réagi à travers la confédération générale des opérateurs algériens qui se prépare à une assemblée générale élective. D'ici là, les quelques milliers d'adhérents que cette organisation syndicale comptabilise auront toute la possibilité de voir passer sous leur nez de nombreux marchés. « Nous faisons face à la bureaucratie. Nos soumissions sont rejetées pour un oui ou pour un non. La corruption est toujours maîtresse des décisions. Faillites en série, dépôts de bilan, déflation, injustice sont le quotidien de bon nombre d'entreprises algériennes auxquelles il est imposé le prix de réalisation du logement à 16 000 DA/m2. Par ailleurs, pour une même qualité de réalisation, on en accorde 30 000 aux sociétés étrangères, notamment chinoises. » Cette déclaration de plusieurs opérateurs du bâtiment fait pratiquement l'unanimité dans le cercle des entrepreneurs algériens. Problème de lourdeurs bureaucratiques mais aussi de disponibilité de ciment, de rond à béton et de sable. Ces matériaux indispensables à la construction sont étrangement indisponibles sur le marché local. De production nationale ou étrangère, ils font actuellement le bonheur des spéculateurs. La dernière enquête déclenchée par la police judiciaire de Annaba a permis le démantèlement d'un large réseau dont les tentacules s'étendent sur l'ensemble des régions de l'Est et en Tunisie. A quelques kilomètres de là, dans la région de Souk Ahras, à Sedrata précisément, une unité de production de logements parasismiques à base de panneaux 4 X 1/2 est entrée dans sa phase active depuis le 16 juin. Ce démarrage fait le bonheur de 600 familles de cette daïra de plus de 100 000 habitants. Sedrata compte le plus fort taux de chômage et de familles démunies du pays. A ce jour, bien que des décisions pour lancer les travaux de réalisation des 14 000 logements à Annaba aient été prises en septembre 2004, rien ne bouge. Dans le milieu des architectes, les propos acerbes et critiques sont révélateurs du degré d'exacerbation des techniciens. Bon nombre d'entre eux attendent avec impatience la tenue du colloque des architectes algériens programmé à Oran avant la fin de l'année 2005. Plusieurs ont déjà souscrit à l'idée d'une dégradation accentuée du cadre de vie que générerait une construction massive de logements dans le cadre du plan quinquennal présidentiel. D'autres ont affirmé que faute de véritables maîtres de l'ouvrage autres que ceux traditionnels pour le suivi des projets, cette construction devrait porter un coup fatal à l'environnement.