Photo : M. Hacène De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Les différents plans et programmes lancés à Souk Ahras depuis près de deux décennies n'ont, apparemment, pas suffi à résorber l'habitat précaire qui continue malgré tout à se développer dans cette wilaya vitrine de l'extrême est du pays. Pourtant, beaucoup a été fait durant ces dernières années avec l'éradication des bidonvilles qui ceinturaient et défiguraient l'image d'une cité où il faisait bon vivre. Sur les lieux mêmes des ex-bidonvilles de la cité Sidi Messaoud, PK 108, Laalaouia ou Djenane Ettafah se dressent aujourd'hui des bâtiments abritant des milliers de familles vivant dans des appartements dotés de toutes les commodités modernes. Mais tous ces efforts se sont avérés vains au vu de la situation générale de l'habitat puisque la demande de logement s'est multipliée, s'aggravant au fil des ans, la lenteur des réalisations et l'exode rural dû au terrorisme étant les causes principales. Avec le plan quinquennal 2005-2010 prévoyant 1 million de logements à construire, Souk Ahras a bénéficié de 6 260 unités, toutes formules confondues, 2 200 logements sociaux locatifs, 3 560 RHP et 500 dits «hauts plateaux». Ces programmes se sont heurtés à bien des difficultés, entre autres, l'absence d'assiettes foncières, des entreprises de réalisation défaillantes, des surcoûts générés par la nature des terrains, une bureaucratie et une instabilité à la tête de l'OPGI chargé de la réalisation pour le compte de l'Etat. Ce n'est qu'à partir de ces deux dernières années que les choses ont «bougé» et la situation des chantiers s'est améliorée avec le lancement effectif de la totalité du programme. «Nous pouvons dire, aujourd'hui, que nous avons rattrapé les retards cumulés depuis plusieurs années, nous déclare le nouveau directeur de l'OPGI de Souk Ahras, M. Aïchaoui Mohamed-Salah. Sur les 6 260 logements prévus, nous avons déjà livré 2 386 ; 3 014 sont en cours de réalisation et sont achevés à 65%, ils seront livrés au plus tard en décembre prochain. Pour le reste, c'est-à-dire 760 unités, nous en sommes au concours d'études d'architecture. On peut dire que nous sommes dans les temps malgré les problèmes que nous avons rencontrés.» Le problème qui se pose actuellement et avec acuité à Souk Ahras est celui de l'assiette foncière censée accueillir les programmes qui seront incessamment lancés ; les terrains entourant le chef-lieu de wilaya sont tous à vocation agricole et la plupart appartiennent à des EAI, EAC ou à des particuliers. Une double difficulté qu'il s'agira de dépasser si l'on veut réaliser, et dans les délais fixés, le programme quinquennal 2010-2014 qui prévoit 7 000 logements à réaliser avec déjà une première tranche de 1 500 unités pour l'année en cours. La répartition sur les 26 communes que compte la wilaya se fera en fonction de la demande, mais le plus gros ira certainement au chef-lieu étant donné la vocation agricole de cette wilaya qui table beaucoup plus sur l'habitat rural. Dernièrement, un lot unique de 700 logements, qui sera implanté au POS 8 sur la RN 16, a été confié à une entreprise chinoise qui avait soumissionné dans le cadre d'un avis d'appel d'offres national et international lancé par l'OPGI. Celle-ci a pu arracher le marché face aux Tunisiens, aux Libanais et à une entreprise nationale par les prix qu'elle avait proposés et par la qualité des travaux réalisés dans les autres wilayas (El Tarf et Skikda) ; elle est déjà à pied d'œuvre, le chantier étant lancé. Avec les réalisations existantes, celles en cours et celles qui seront lancées, la wilaya de Souk Ahras se débarrassera définitivement de l'habitat précaire pour peu que les pouvoirs locaux veillent à ce qu'aucun autre bidonville «ne naisse» comme celui apparu récemment à la cité FNPOS ou encore à l'entrée est de la ville à proximité de l'hôpital régional. Une image qui défigure la ville avec les baraques en tôle ondulée et des conditions des plus déplorables.