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Waciny Laredj, Kitab el Amir
Les alambics de l'imagination
Publié dans El Watan le 30 - 06 - 2005


L'Emir Abdelkader dans un roman !
Et par quel bout le prendre, lui, le jeune initié aux choses de la vie, le prince guerrier, le négociateur, l'illustre prisonnier du château d'Amboise, l'homme du monde ou encore, le soufi, disciple d'Ibn Arabi ? Indirectement, Waciny Laredj dans son dernier roman Kitab El Amir remet au- devant de la scène une question fondamentale dans les lettres arabes modernes :
comment aborder le réel et en faire une matière malléable à plaisir ? Comment, dans le cas de l'Emir, se situer dans l'histoire et être, en même temps, en dehors de celle-ci pour pouvoir l'observer à sa guise, faire usage du pouvoir de l'imagination sans nuire à la vérité historique ? Dans les cénacles littéraires du Moyen-Orient, les tenants d'un certain classicisme ont toujours déclaré avec ostentation que la technique narrative existe bel et bien dans les lettres arabes classiques, et qu'il faudrait s'en contenter. En vérité, le roman, en tant que genre littéraire foncièrement moderne, vient à peine de se mettre debout après de longs tâtonnements avec Mohamed Haykal, Mahmoud Taymûr, Tawfiq El Hakim et autres romanciers du début du XXe siècle. Le romancier arabe, il faut bien le dire, a toujours travaillé sur le réel, en le ménageant avec mesure. Toute tentative, de sa part, de donner libre cours à son pouvoir d'imagination s'est soldée par une perte sèche. On l'a vu avec l'Egyptien, Nadjib Mahfuz, le jour où il eut l'audace de pasticher le Saint Coran dans son fameux roman Les enfants de notre quartier. C'est toute l'armée des braves, qui s'était abattue sur lui, en 1959, dans la presse égyptienne de l'époque, et dans l'enceinte d'Al Azhar, puis, au début des années 1990 lorsqu'il fut carrément poignardé dans une ruelle du vieux Caire. Faut-il répéter que le romancier arabe se débat encore dans les rets de tout ce qui est réel ? Waciny a eu le courage de plonger dans cette mer encore houleuse et qui risque de le rester tant qu'une révolution de l'esprit ne vienne pas reconfigurer l'ensemble de ce monde arabe. C'est là le propre de l'homme de lettres qui, non seulement, observe la manière, dont l'histoire se fait, mais, et c'est là l'essentiel, qui l'assaisonne à sa manière, et selon sa vision du monde et son goût. Travailler sur le connu, c'est ce qu'il y a de plus difficile, de plus rebutant pour un romancier. Travailler encore sur le cru, sur l'interdit, comme Naguib Mahfuz, relève encore du risque. Dans les sociétés arabes d'aujourd'hui, on a coupé court avec le merveilleux d'il y a 1000 ans, autrement dit, on a brisé tout élan vers les grands espaces de l'esprit et de la liberté. En effet, le romancier qui tente de se substituer à Shéhérazade pour bercer le roi et reporter sa propre mort, peut, à n'importe quel moment, perdre la vie. Waciny l'a déjà dit dans un roman précédent portant le titre Raml El Maya. Cette fois-ci, il fait reculer un peu plus les frontières de l'imaginaire, de l'imaginable, reconsidérant ainsi certaines données de l'histoire algérienne, celle du XIXe siècle. Sa seule boussole dans la nuit du grand océan n'est autre que le besoin pressant d'accepter, sans se renier, le jeu de la modernité. Le roman, n'est-il pas la modernité littéraire par excellence ? Et même si nous nous permettons d'avoir un avis contraire sur certains aspects développés dans son roman, nous nous devons, en contrepartie, accepter le fait qu'il ait pris le risque de procéder à une interprétation courageuse. C'est, du reste, l'élément qui manque à notre démarche socio-historique. Et c'est, également, le terrain de jeu de tout romancier qui se respecte et qui voudrait apporter un plus à sa société. Assurément, Waciny Laredj rejoint, par ce roman, la grande équipée de romanciers et d'écrivains en prise directe avec le réel. Il nous fait rappeler Norman Mailer dans The armies of the Night, où il est question de la marche sur Washington en 1967, Léon Tolstoï dans Guerre et paix, Cornélius Ryan dans The longest day, chronique sur le débarquement en Normandie, en 1944, Truman Capote dans son fameux roman De sang froid, qui est une enquête minutieuse sur deux criminels du Kansas, Abou Bakr Al Wakidi dans L'histoire des premières conquêtes islamiques, Naguib Mahfuz dans Les enfants de notre quartier, John Steinbeck dans East of Eden, sur le bien et le mal au sens biblique, et, bien sûr, James Joyce, dans Ulysse, cette autre manière de pasticher l'un des chants de l'Odyssée d'Homère. Kitab Al Emir fait place à de très belles scènes panoramiques que l'on pourrait qualifier de cinémascope littéraire. Il n'y a qu'à méditer l'ouverture de ce roman où, dès les premières pages, nous ramons, avec les protagonistes,vers le large de la baie d'Alger pour y répandre les cendres de Monseigneur Dupuch, excellent ami de l'Emir. Le style, y est d'une grande souplesse, car Waciny, ayant donné sa propre interprétation d'un chapitre important de notre histoire, a compris combien il était nécessaire de rendre palpable et acceptable un réel sur le point de se transformer dans les alambics de l'imagination. En d'autres termes, notre romancier a compris qu'il fallait écrire, non sur ce qu'il savait, mais sur ce qu'il ne savait pas, sur ce qui naissait sous sa plume au fur et à mesure. C'est là, le propre du romancier moderne.


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