L'Association des libraires algériens, Aslia, va décerner au cours du Salon du livre son prix littéraire à notre collaborateur et ami Waciny Laredj pour son dernier roman sur le parcours de l'Emir Abdelkader et sa relation avec le premier évêque d'Alger, Monseigneur Dupuch. Un succès éditorial marquant qui se répand dans le monde arabe et gagne l'Europe. Paru aux éditions Espace Libre (Alger) et à la prestigieuse Dar el Adab (Beyrouth), Le Livre de l'émir est un roman sur l'émir Abdelkader dans lequel l'auteur a réussi à exprimer la personnalité d'un homme qui, jusque-là, avait été en quelque sorte tenu à distance par la rigueur des biographies, des essais et des thèses. Sans perdre le fil des faits établi par les historiens, Waciny Laredj a donné au personnage toute la dimension humaine et l'épaisseur psychologique attendue d'un cheminement littéraire. L'auteur a longuement travaillé son sujet, compulsant et confrontant livres, thèses, archives et correspondances, et bien sûr les propres écrits de l'Emir. Il s'agissait d'assurer la transformation du personnage historique en personnage tout court, sans que le premier n'ait à pâtir du second et sans que le second n'échappe à la réalité du premier. Une fois passée la phase de recherche, l'écriture a commencé, une écriture purement littéraire en ce sens qu'elle n'a pas produit une biographie romancée mais un véritable roman, doté de la chair littéraire indispensable à son attrait. Waciny a ouvert ainsi un nouveau champ d'appréciation de celui qui fut stratège et guerrier, poète et mystique, homme d'Etat enfin et, à ce titre, l'un des précurseurs des droits de l'homme et du dialogue des civilisations, thèmes ô combien actuels. Le Livre de l'émir permet aussi à tous ceux qui n'ont ni le temps ni le goût pour les doctes ouvrages, et notamment les jeunes, de découvrir un émir Abdelkader proche, à la fois fort et sensible, avisé et faillible, en un mot, humain, ce qui crédibilise davantage sa stature historique. Waciny Laredj sera le quatrième auteur à recevoir le Prix des libraires algériens qui avait été décerné en 2003 à Yasmina Khadra, en 2004 à Djamel Amrani et en 2005 à Maïssa Bey. Doté d'un montant de cent mille dinars, ce prix est traditionnellement remis lors du Salon international du livre d'Alger. Trois critères ont été retenus pour le choix de cette année : la qualité du contenu et de la forme du texte, la contribution au dialogue des civilisations et bien sûr, la demande des lecteurs en librairie. L'association des libraires algériens a tenu compte également de l'ensemble de l'œuvre de Waciny Laredj. Professeur de littérature arabe aux universités d'Alger et de la Sorbonne, Paris, il est, en plus de ses travaux de recherches, l'auteur de plusieurs romans remarqués dont : La gardienne des ombres, Le miroir des aveugles, Fleurs d'amandier, La 1007e nuit, Maîtresse des lieux, L'impasse des invalides, tous traduits en plusieurs langues. Le livre de l'émir (Kitab el Amir) sera disponible au Salon du livre dans sa version originelle en arabe et dans la traduction en français parue à Actes Sud (Sindbad, France, 2005), réalisée par Marcel Bois en collaboration avec l'auteur. L'ouvrage connaît depuis sa parution un succès grandissant en Europe. Waciny a été ainsi invité à de nombreux débats autour de son roman : Paris, Marseille, Perpignan, Copenhague, Stockholm, Madrid, la Calaà de Hanaris, où naquit Cervantès... ainsi que dans plusieurs villes du monde arabe. Chose exceptionnelle, à la faveur d'un programme de l'Unesco-IMB, lancé en 2005, le roman a paru simultanément en feuilleton dans 25 grands journaux arabes (En-Nahar, El Safir, El Ahram, Doustour, Raya…), touchant des millions de lecteurs. Une seule ombre à ce tableau affecte Waciny : Echaâb, le seul titre algérien qui fait partie du projet de l'Unesco, n'a pas jugé encore utile de publier Le Livre de l'émir. Il a pourtant publié les autres livres inscrits au programme. Faut-il croire que nul Algérien ne peut être écrivain en son pays ?