Les médecins, qui prennent part aujourd'hui à la journée de déontologie organisée à Constantine par le Conseil régional de l'ordre des médecins, sont-ils au courant de l'illégalité de l'initiative et de ses initiateurs ? Sans doute non, puisque la décision de la justice de l'annulation de l'élection du conseil national, confirmée par le Conseil d'Etat tel que stipulé dans l'arrêt datant du 9 mars 2004, vient tout juste d'être connue. Ces participants ne savent pas non plus qu'une plainte a été déposée hier par le docteur H. Hitache, ancien membre du conseil, devant la cour de Constantine afin que ses activités, jugées illégales, soient gelées. Dans un rapport détaillé sur l'activité du docteur Djenane, président de l'ordre régional, le plaignant souligne que le mandat électif de l'ensemble des membres de la section ordinale régionale de Constantine est arrivé à son terme en 2003. Dès lors, il pose la question de savoir si ce président possède une dérogation ou une décision de justice pour prolonger ce mandat. La réponse à cela est encore une fois négative sachant que les élections de renouvellement des sections ordinales régionales prévues en avril 2003 n'ont pas eu lieu. La plupart parmi les douze conseils régionaux se conforment à la décision de gel des activités. Celui de Constantine se conduit autrement. Pourquoi ? Parce qu'il n'existe aucun contrôle, ni en amont ni en aval, et il faut aussi savoir que l'ordre des médecins est une institution autonome qui n'est pas sous la tutelle du ministre de la Santé. L'instance que dirige le Dr Djenane est soumise, en amont, au contrôle du conseil national, mais celui-ci respecte la décision de la justice. En aval, le conseil régional est contrôlé par l'assemblée générale. Le hic, c'est que le règlement, qui prévoit une assemblée chaque trimestre, n'a pas été respecté. Pis encore, le président a même refusé de convoquer une AG extraordinaire demandée par la majorité des conseillés en juin 2003, justement à cause de ce dysfonctionnement. « Pourquoi alors le docteur Djenane persiste-il à activer dans l'illégalité ? », s'interroge le docteur Hitache. Plusieurs d'autres questions, pour le moins accablantes, sont adressées au président en conclusion dudit rapport. Mais auparavant, le plaignant avait adressé des plaintes au ministre de la Santé, au wali de Constantine et à son directeur de la santé pour exposer tout le problème et les amener à intervenir afin de mettre fin à ce qu'il appelle « une usurpation de fonctions ». L'enjeu derrière cette violation est représenté par le pouvoir que confère cette position justement. L'accès direct aux finances en liquide, la responsabilité exclusive de la valise des visas et plein d'autres privilèges ainsi et surtout celui de s'appuyer sur ce siège qui est une véritable rampe de lancement pour accéder aux postes supérieurs de responsabilité. Les nombreux présidents de l'ordre qui sont devenus directeurs de la santé à travers les wilayas le savent parfaitement.