La 7e édition du festival musical de la Soummam (rebaptisé désormais Carrefour culturel), que l'association Etoile culturelle d'Akbou (ECA) organise du 2 au 8 juillet, aura pour principal objectif de faire redécouvrir l'œuvre et l'itinéraire d'un maestro consacré à l'échelle internationale mais, fait paradoxal, méconnu du grand public algérien : Mohamed Iguerbouchen. Natif d'Aghrib (Tizi Ouzou) en 1907, cet artiste prolifique, ayant longuement tenu le haut de l'affiche de mythiques salles de spectacle de l'Occident qui n'a pas manqué de l'adopter, le reconnaître et le solliciter, aura été l'un des meilleurs ambassadeurs de la musique algérienne. La chance lui a souri en fait très tôt lorsqu'il fut pris en charge par le peintre écossais Fraser Ross, le voisin des Iguerbouchen à la Casbah d'Alger, après qu'il eut décelé en lui la graine d'artiste lors d'une audition d'élèves de l'école protestante de solfège. Mohamed Iguerbouchen a été ensuite confié à un richissime et influent notable anglais (le comte Roth) en compagnie duquel il effectua son premier voyage vers l'Angleterre, à l'âge de 15 ans. Il poursuivra ses études académiques de musique sous la houlette du professeur Levingston au Norton College de Londres où il apprit l'anglais, la philosophie et la musique occidentale puis finit par réussir avec brio au concours d'entrée à la fameuse Royal Academy of music. Son ascension vers la renommée mondiale commença à partir de 1925 lorsqu'il se produit sur le lac Constance à Bregenza en Autriche où il séduit le public grâce à deux rhapsodies mauresques sur des thèmes spécifiquement algériens : Kabylia rhapsodie n°9 et Arabic rhapsodie n°7. Son périple se poursuivra en Italie, en Allemagne, en Suisse et même à Hollywood où il composa des musiques pour films à la demande de la Metro Goldwin Mayer et de la Paramount. Il aura légué au temps et aux hommes un trésor musical inépuisable estimé à près de 600 chefs-d'œuvre (rhapsodies, symphonies, mélodies, chants et musiques de films) éparpillés aux quatre coins du monde et dont on peut retrouver une partie à l'institut national des archives (INA), à l'ONDA, au département musique de la Bibliothèque de France et en Allemagne. Les plus belles de ses œuvres se comptent parmi les mélodies accompagnant des poèmes, telles L'appel du Sud, La Casbah, symphonie n°6 des mille et une nuits, La fantaisie algérienne. En plus de ces productions, Mohamed Iguerbouchen a écrit aussi pour les artistes algériens, notamment pour Farid Ali (A Yemma azizen uretsru) et aida nombre d'entre eux à se lancer, à l'instar de Rachid Ksentini. Si la maladie a fini par avoir raison de lui le 21 août 1966, l'obligeant à se reposer du sommeil du juste au cimetière d'El Kettar à Alger, l'ECA tentera d'exhumer son œuvre lors de ce carrefour culturel de la Soummam au cours duquel plusieurs activités ont été programmées à Béjaïa (TRB, maison de la culture), à Akbou, à Sidi Aïch et à Tazmalt. Il sera notamment question de concours musical, de représentations théâtrales, de projections cinématographiques, de galas artistiques, de conférences et d'expositions relatant le parcours artistique de Mohamed Iguerbouchen. Des délégations étrangères venant d'Espagne et du Sahara-Occidental sont aussi attendues à ce rendez-vous culturel.