Le signe indien est vaincu. Pour la première fois depuis son inauguration en 1985, l'hôpital de Ras El Oued d'une capacité de 240 lits organise ses premières journées scientifiques. Le thème retenu pour cette manifestation, qui a drainé un nombre important de cadres de la santé des deux wilayas de BBA et de Sétif et à laquelle ont pris part également les représentants des corps constitués, de la justice, de l'ordre des médecins et des pharmaciens, s'est axé autour de la responsabilité médicale, un thème d'une importance capitale dans le mesure où le secteur s'apprête à faire sa mue par l'entame d'une nouvelle politique de réforme hospitalière dans une conjoncture difficile. Tour à tour professeurs et magistrats se sont relayés pour vulgariser une panoplie de lois de l'arsenal juridique régissant l'exercice du médecin et les contraintes de la profession à la lumière des expériences vécues. « Dans l'exercice de son métier, le médecin n'est pas à l'abri d'une erreur qui puisse avoir des conséquences fâcheuses et elle peut entraîner deux types de responsabilité, l'une pénale dite répressive et l'autre civile dite réparatrice », dira M. Belloum du CHU de Constantine. Abondant dans ce sens, il remet sur le tapis les tares qui ternissent l'image de la santé dans notre pays, « ils utilisent la médecine, comme un commerce », illusion faite à certains praticiens avides d'argent qui ne se soucient ni des conditions d'accueil ni de la qualité des prestations. M. Kellou, du CHU de Blida, a en particulier insisté sur le fossé existant entre le magistrat et le médecin, et la nécessité de dissiper cette opacité entre les blouses blanches et les blouses noires. Tout au long de son réquisitoire, l'orateur n'a pas cessé de rappeler aux praticiens présents la noblesse de leur métier d'où le respect de la déontologie. Il révèle, à cet effet, que le nombre de procès dans lequel sont impliqués les médecins est effarant, « les hôpitaux, notamment ceux des grandes agglomérations, déboursent énormément d'argent en guise de dommage », tenait à souligner ce dernier. De leur côté, les médecins du secteur ont, eux aussi, excellé. Le choix du thème, la qualité des exposés ont suscité beaucoup d'intérêt chez les présents ce qui montre le volume de travail titanesque. Ils ont évoqué entre autres le volet des faux certificats médicaux et les problèmes économiques et juridiques qui en découlent particulièrement les certificats dits de complaisance et qui sont généralement à l'origine du déclin du prestige du médecin. Le débat était tellement passionnant que l'animateur avait du mal à clôturer la journée. A vrai dire, ils ont discuté à bâtons rompus. « Le secteur offre les meilleures conditions et avantages aux spécialistes désireux d'exercer à l'hôpital de Ras El Oued », dira M. Kittous, directeur du secteur sanitaire. Enfin, un grand salut aux soldats de l'ombre, l'équipe des paramédicaux et les agents chargés de l'organisation.