Participants et organisateurs à la journée d'étude sur la prévention et la gestion du risque accident ont été unanimes à reconnaître que cet aspect de la vie des entreprises est très méconnu. Cette unanimité est partagée par Chérif Abdelmeziem, directeur général de l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (Oprebatp) sollicité pour intervenir dans ce cadre. Dans ses différentes études sur la situation des entreprises, il est établi que 71% d'entre elles dans les régions de l'est du pays n'affectent pas de budget à la prévention, 65% préfèrent jouer sur l'établissement du contrat au recrutement que de faire application de l'article 23 relatif à l'hygiène et à la sécurité et que 80% des entreprises visitées ne disposent pas d'une Commission hygiène et sécurité (CHS). Lors de cette rencontre organisée par le Conseil national consultatif présidée par M. Boushaba à Annaba, il est également établi pas moins de 140 sociétés en relation d'affaires avec 56 sociétés mères. Une situation qui désavantage énormément tout contrôle ou suivi des conditions de travail, d'hygiène et de sécurité dans le monde du travail. Selon le directeur général de l'Oprebatp en 2004, les accidents de travail en Algérie étaient en hausse de 25% par rapport à 2003. Cet état a nécessité plus de 10 milliards de dinars au titre de remboursement des accidents du travail pour 2004, alors qu'il était de 8,8 milliards en 2003. De 753 accidentés mortels et autres dont 250 décès enregistrés pour le seul secteur du bâtiment en 2003, ce chiffre est passé à 941 en 2004. Les entreprises publiques et privées implantées dans les régions du pays seraient-elles rebelles à toute application des dispositions induites par la législation du travail. La lecture des chiffres avancés par l'institution de M. Abdelmeziem fait ressortir 271 entre entreprises, chantiers, ateliers et unités qui n'admettent pas les remarques, refusent de prendre en considération l'action prévention ou qui entravent l'action du délégué Oprebatp. La plupart des entreprises imposent à leurs travailleurs des tâches sur des chantiers hors normes ou en absence de toute protection les exposants de fait à des risques d'accident certains. Des cas flagrants de graves infractions aux conditions d'hygiène et de sécurité ont été recensées durant le 1er semestre 2005. Des 67 entreprises visitées par les délégués de l'Oprebatp, pas une seule ne s'était conformée à la réglementation en matière d'hygiène et de sécurité. Toutes ces informations n'ont malheureusement pas profité aux responsables des entreprises, sociétés et bureaux d'étude que le CNC organisateur de la rencontre de Annaba a invités. Pourtant, il s'agissait d'une mesure d'accompagnement en prévision du grand chantier portant sur la réalisation du programme présidentiel de 1 million de logement. Bien imprégné de toutes les conséquences que pourraient générer un accident du travail dans ses unités, l'indien de Mittal Steel du complexe d'El Hadjar n'a pas raté l'occasion de mieux appréhender la question de l'hygiène et de la sécurité des travailleurs. Le représentant de Mittal Steel comme ceux des rares entreprises privées présentes à cette rencontre ont écouté avec attention les 4 communications inscrites au programme. Toutes portaient sur la vulgarisation des dispositions du décret 05-12 du 8 janvier 2005 relatif aux prescriptions particulières d'hygiène et de sécurité concernant les secteurs bâtiment, travaux publics et l'hydraulique. « Nous sommes les premiers à vulgariser les textes de ce décret depuis sa mise en application en janvier 2005. Les dispositions de ce décret imposent, notamment l'établissement d'un plan de sécurité et d'hygiène 10 jours avant le début des travaux de tout chantier », a affirmé Driss Lahmar membre du CNC.