L'OPEP ne veut plus jouer le rôle du pompier. En effet, à chaque fois que les fluctuations des prix du pétrole n'arrangent pas tout le monde, les regards se tournent vers cette organisation des pays producteurs pour essayer de stabiliser le marché pétrolier. Mais, semble-t-il, le cartel ne veut plus faire cavalier seul pour remédier à la flambée qu'enregistrent les cours influencés, il est vrai, par la crise irakienne, la baisse des stocks américains, et la croissance économique de certains pays d'Asie. Ainsi, les membres de l'OPEP font savoir subtilement qu'il ne faut plus compter uniquement sur ses capacités pour rééquilibrer la demande sans cesse croissante et l'offre qui s'avère réduite. C'est dans ce sens qu'abonde le ministre vénézuélien de l'Energie, Rafael Ramirez, qui a déclaré mardi que l'OPEP a atteint ses niveaux maxima de production et ses onze pays membres n'ont pas la capacité de répondre de manière immédiate aux besoins en augmentation constante de pétrole. Une manière de signifier qu'il ne faut pas attendre grand-chose de l'Organisation qui tiendra le 15 septembre prochain une réunion à Vienne pour déterminer si le cartel augmentera ses niveaux actuels de production de brut. Une réunion à laquelle elle a convié des pays extérieurs à l'organisation pétrolière pour prendre part aux discussions pour stabiliser les prix du pétrole en forte hausse, selon le président de l'OPEP, l'Indonésien Purnomo Yusgiantoro. En agissant de la sorte, les pays membres de l'OPEP veulent faire comprendre au reste du monde que la balle n'est pas seulement dans son camp. L'OPEP se montre disposée à ouvrir les vannes davantage si la nécessité de le faire s'impose, mais souhaiterait que ses efforts soient en coordination avec d'autres actions des pays hors OPEP. On estime au niveau de cette organisation que ces derniers ne peuvent plus continuer à agir selon leurs propres intérêts faisant fi de l'intérêt général. D'ailleurs ses membres se montrent de plus en plus évasifs quant à une éventuelle augmentation de leur production. Ils tergiversent en attendant la réunion déterminante du mois prochain. Il en est ainsi du Venezuela dont le ministre de l'Energie a jugé utile de signaler que dans son pays : « Nous estimons que la capacité d'augmenter la production n'est pas grande, mais il faut voir. Il existe un potentiel qui peut être récupéré dans un délai de six mois, mais il faut attendre la réunion de septembre pour voir ce que nous pouvons faire dans ce sens. » Il apparaît de ce fait que l'OPEP ne veut pas céder aux pressions du marché où les prix ont battu tous les records ce mois-ci frôlant les 45 dollars pour la première fois depuis 21 ans et ne risquent pas de baisser de sitôt selon les analystes. Même M. Ramirez a estimé peu probable une baisse au cours des prochains mois « parce que nous allons entrer dans une période de demande maximale ». Il a expliqué que la tendance à la hausse persistera sur les marchés en raison des facteurs géopolitiques qui dominent l'actualité internationale. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole produit actuellement plus de 29 millions de barils par jour (bpj), estime un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), soit un niveau proche de son maximum. Cette production, rapporte l'AIE, ne laisse guère de marge de sécurité en cas de perturbation dans l'offre. Selon le rapport, la hausse des capacités du Koweït, du Nigeria, de l'Algérie et de la Libye devrait permettre à l'OPEP d'accroître ses capacités excédentaires de 370 000 bpj à la fin 2004 et de 680 000 bpj supplémentaires en 2005. En 2006, 850 000 bpj s'ajouteraient à cette liste.