Les rapports ne sont pas au beau fixe entre la direction de la Société des travaux de viabilisation de Béjaïa (STVB) et une partie des travailleurs de l'entreprise, dont des syndicalistes émargeant à l'UGTA. Le conflit, qui a pris forme lorsque cette société s'est engagée dans un processus de privatisation, a fini par donner naissance à une plainte déposée auprès du procureur de la République près le tribunal de Béjaïa à la mi-juillet dernier par 45 salariés, sur les 87 preneurs, contre leur PDG. En attendant son enrôlement, l'affaire est actuellement en instruction. Les deux parties sont convoquées par la police pour être entendues sur l'objet de la plainte qui porte essentiellement sur « détournement de l'ordre du jour de l'assemblée générale ». Les faits remontent, pour rappel, au mois de février 2004, lorsqu'une assemblée générale a eu lieu pour donner le coup d'envoi au processus de privatisation de l'entreprise par sa reprise par ses salariés (RES). Pour ces derniers, la réunion ne pouvait être qu'une AG informative, en se conformant au guide méthodologique de la RES édité par la SGP-est et sud-est et dont dépend la STVB. Pour le directeur, dont nos tentatives de contacts sont restées vaines, une AG constitutive a été tenue, et c'est celle qui a donné naissance à un PV établi par un huissier de justice et attestant la création d'un conseil administratif, à sa tête le PDG de l'entreprise et de la nouvelle SPA au nom de Traviab Gouraya. En attendant que la justice face la lumière sur cette affaire, les deux parties semblent être dans une sorte de cohabitation forcée. Au moment où les travailleurs, notamment syndiqués, évoquent des « tentatives de déstabilisation et intimidation », la direction considère de son côté que la section syndicale « agit en violation des dispositions contenues dans les lois 90/11 et 90/14 » et l'a mise en demeure « de se conformer au respect de la législation et règlement du travail ». En réponse à une plateforme de revendication de celle-ci, la direction de l'entreprise se défend que « le dossier de la privatisation a été élaboré suivant les procédures et modalités fixées », et estime que la négociation du volet social de ce dossier passe par une commission dans laquelle sont invités à prendre part les délégués syndicaux. Comme, il est aussi souligné que le terrain du « nouveau parc », que le syndicat soupçonne avoir fait l'objet d'une cession, « reste un actif de la STVB (...). La transformation de cet actif relève de la compétence du propriétaire et des seuls organes de gestion habilités ». Pour le PDG, les travailleurs la STVB émargent encore à la case des salariés et n'ont pas encore le statut de preneurs « quand bien même ils ont souscrit à une intention de reprise ». Une « mise au point » qui n'est pas au goût des travailleurs-souscripteurs qui, au moment où ils s'interrogent sur le sort des « preneurs », rappellent qu'ils ont constitué des provisions par versement individuel de l'ordre de 12 000 DA.